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Le marché mondial des petits fruits, évalué à 31,5 G$ américains (US) en 2020, devrait croître de 6,3 % d’ici 2028 pour atteindre 51,4 G$ US. C’est ce que révèlent des prédictions de VPA Research, compilées par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), dans un récent rapport sur le potentiel des fraises, des framboises, des bleuets et des canneberges, localement et à l’international.
« Une surprise que j’ai eue [en consultant le rapport], c’est l’importance qu’occupe la production de canneberges et de bleuets sauvages dans l’ensemble du Québec [en comparaison aux autres petits fruits]. L’élément qui ressort, c’est que ces fruits représentent un potentiel énorme à l’exportation. […] Le Québec, dans les fruits en général, n’est pas un joueur qui se démarque sur la scène internationale, mais dans les bleuets et la canneberge, on y arrive », fait remarquer Sylvain Dufour, vice-président au développement des affaires chez Fruit d’Or.
De 2016 à 2020, les canneberges et les bleuets sauvages ont respectivement représenté 63,3 % et 27,9 % de la production de petits fruits au Québec, rapporte le MAPAQ dans sa compilation, en se basant cette fois sur une enquête de Statistique Canada. Les fraises, les framboises et les bleuets en corymbe suivent avec des parts qui se sont respectivement élevées à 7,6 %, 0,6 % et 0,6 %. Si les fraises et les framboises sont surtout destinées au marché local, les bleuets sauvages et les canneberges sont souvent exportés, notamment après avoir été congelés ou séchés.
En 2020, la production de canneberges à l’échelle mondiale était surtout concentrée aux États-Unis (54,5 % du marché), au Canada (24,2 %), au Chili (19,2 %) et en Turquie (2 %), selon des données de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, également exposées dans le rapport du MAPAQ. « Avec la récolte de cette année, le Québec est rendu à tout près de 30 % du volume total des canneberges produites en Amérique du Nord. […] Le Québec est devenu le joueur numéro deux dans son industrie globalement [après le Wisconsin] », exprime M. Dufour, qui observe par ailleurs que la canneberge est de plus en plus recherchée, dans plusieurs pays.
« Ce qu’on observe, c’est une ouverture des marchés internationaux qui découvrent la canneberge séchée. Il y a 15 ans, on ne parlait pas de la Chine comme d’un marché d’exportation. Le Mexique, la Corée du Sud, même les pays comme l’Allemagne, en 2000, c’étaient de petits volumes. Aujourd’hui, ces volumes-là se sont multipliés par 15, si je prends juste l’Allemagne. La canneberge est de plus en plus utilisée dans un large éventail de produits. C’est une alternative à plusieurs fruits séchés comme le raisin ou la date. La connotation santé y est aussi associée. À l’échelle mondiale, c’est de plus en plus connu », illustre-t-il, estimant qu’il reste beaucoup de marchés à développer pour ce produit, notamment l’Inde et le Brésil pour qui les fruits séchés sont intéressants et peu contraignants en ce qui a trait au transport et à la chaîne de froid. « En Inde, par exemple, ça va aller dans […] les fameuses barres granola. C’est un marché en forte croissance, là-bas. On présente l’ingrédient canneberge aux consommateurs sur les emballages comme une nouveauté, un nouveau fruit », dit-il.
La concurrence du bleuet en corymbe Malgré les occasions de croissance à l’international, Nicolas Pedneault, président du Syndicat des producteurs de bleuets du Québec, croit que la Belle Province ne cherchera pas de nouveaux marchés pour l’une de ses spécialités, le bleuet sauvage, dans les prochaines années. Elle tentera plutôt de maintenir sa position enviable sur les marchés traditionnels, dans un contexte où le bleuet en corymbe, qui représente 90 % de la production mondiale de bleuets, se fait de plus en plus compétitif. Selon Rabobank, citée dans le rapport du MAPAQ, la superficie mondiale de bleuets en corymbe a dépassé 205 000 hectares en 2020 et devrait continuer à croître fortement. Les principaux pays producteurs sont les États-Unis (31 %), le Pérou (18 %), le Chili (15 %) et le Canada (14 %). « Le corymbe s’exporte habituellement plus à l’état frais, tandis que le bleuet sauvage, qui a le défaut de moins bien se conserver, est plutôt exporté congelé. Par contre, avec les volumes mondiaux [de bleuets en corymbe] qui augmentent, on se questionne sur la possibilité que ça engorge les marchés frais et que le corymbe vienne nous compétitionner dans le congelé », explique le président. Aussi, le climat en dents de scie au Québec génère des récoltes de bleuets sauvages de plus en plus différentes d’une année à l’autre, en matière de volumes, fait-il remarquer. Les récoltes de bleuets en corymbe, cultivés plus au sud, sont souvent plus stables. « Si on veut développer des marchés, il faut être capable de les fournir », souligne M. Pedneault, selon qui cet enjeu sera à suivre dans les prochaines années. |