Cannabis 24 février 2023

Canopy Growth largue les Serres Bertrand

Dans un effort de réduction de ses coûts, l’un des plus importants producteurs et transformateurs de cannabis du Canada, Canopy Growth, a annoncé, le 9 février, qu’il cessera de s’approvisionner en fleurs de cannabis dans ses installations québécoises de Mirabel. Pour la famille Bertrand, copropriétaire à 45 % des Serres Vert Cannabis avec Canopy Growth depuis 2017, l’avenir devient ainsi incertain. 

Au cours des six prochains mois, Canopy Growth transformera ses activités canadiennes pour alléger son modèle d’affaires et mettra également un terme à la production de fleurs de cannabis dans ses installations de Smiths Falls, en Ontario. La production de l’entreprise sera dorénavant centralisée dans les sites de Kincardine, en Ontario, et de Kelowna, en Colombie-Britannique, mais passera également par des fournisseurs indépendants. 

Steve Bertrand

Le directeur général des Serres Vert Cannabis, Steve Bertrand, mentionne que l’option de devenir un producteur indépendant en rachetant les parts de Canopy Growth fait l’objet de discussions. « On a les capacités pour le faire », mentionne-t-il en précisant avoir développé une expertise durant les cinq dernières années pour produire des fleurs de cannabis à faibles coûts. L’entreprise cultive 7,2 hectares de cannabis en serre. 

Si l’entreprise devenait indépendante, elle devrait obtenir des licences de transformation et de distribution auprès de Santé Canada pour être en mesure de vendre sa production directement à la Société québécoise de cannabis (SQDC). 

Retour aux légumes?

Le producteur n’exclut pas non plus de mettre un terme à la production de cannabis et de revenir à la production de légumes en serre. Rappelons que les Serres Bertrand ont cultivé jusqu’à 700 000 pi2 de tomates roses, leur produit phare, durant une trentaine d’années avant de se lancer dans la production de cannabis en 2018. Ils en ont même poursuivi la culture sur deux hectares durant les cinq années suivantes. 

« On comprend la stratégie de Canopy à travers tout ça, mais quand on s’était embarqués avec eux, c’était pour du long terme. C’est pour ça qu’on est en discussions en ce moment sur la suite des choses », mentionne Steve Bertrand. Il soutient avoir été informé de cette dissociation seulement la veille de l’annonce officielle. 

Sur une note plus positive, il explique avoir acquis une expérience que l’entreprise familiale n’aurait pu acquérir en restant dans les légumes de serre. « Peu importe la direction que ça va prendre, on est très contents de l’expérience que nous ont apportée les cinq dernières années. On a évolué et, qu’on reste dans le cannabis où qu’on retourne dans les légumes, ce sera bénéfique pour le futur », affirme le Steve Bertrand. 

En réduisant considérablement la taille de l’entreprise, Canopy Growth espère réduire ses coûts de trésorerie et retrouver la rentabilité et la croissance. Ses pertes nettes se sont accrues de 151 M$ pour atteindre 267 M$ au ­troisième trimestre de l’exercice 2023, comparativement à la même période en 2022, alors que les revenus nets de 101 M$ au troisième trimestre de 2023 étaient en diminution de 28 % par rapport à celui de 2022. Canopy Growth confiera par ailleurs son programme de génétique de plants de cannabis à la société québécoise EXKA, une firme basée à Mirabel, qui se spécialise dans la recherche et le développement de variétés.

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Pas de perturbations à la SQDC

La Société québécoise du cannabis (SQDC) ne subira pas les contrecoups de l’arrêt d’approvisionnement des sites de Canopy à Mirabel et à Smiths Falls, indique son porte-parole Fabrice Giguère. « Canopy a prévu suffisamment de stocks en production pour assurer l’approvisionnement jusqu’à l’automne prochain », dit-il. Cette période laissera au fournisseur le temps de compléter sa réorganisation structurelle, poursuit-il, et de soumettre leur nouvelle offre de produits à la SQDC dans le cadre de la révision bisannuelle de l’assortiment de produits. M. Giguère ajoute qu’actuellement, 54 % des fournisseurs licenciés de la SQDC sont québécois, soit 26 sur 48 au total. Il rappelle que tous les détaillants de cannabis récréatif au pays doivent s’approvisionner auprès de producteurs canadiens.