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Le ton monte sur la scène tant fédérale que provinciale et régionale pour s’attaquer aux achats spéculatifs des terres agricoles et aux hausses de prix des fermes qui les rendent de moins en moins accessibles aux agriculteurs.
Le 22 novembre, les agriculteurs et sympathisants de l’Union nationale des fermiers (UNF) ont manifesté devant le parlement d’Ottawa pour exiger que l’achat de terres agricoles par des investisseurs corporatifs soit interdit au Canada. L’organisation demande au fédéral de mettre en place différents mécanismes, comme un taux de taxation différent, qui encourageraient la propriété des terres par les agriculteurs et décourageraient les achats spéculatifs des investisseurs. « Si on ne contrôle pas les achats de terre, si on ne sensibilise pas les dirigeants politiques, on ne sécurisera plus l’autonomie alimentaire, car les investisseurs de l’intérieur ou de l’extérieur du pays ne se soucient pas de l’autonomie alimentaire. On a tellement d’agriculteurs qui prennent leur retraite et qui vendront leurs propriétés dans les 10 prochaines années qu’il faut agir maintenant », affirme à La Terre la présidente de l’UNF, Jenn Pfenning, qui cultive 285 hectares de légumes dans sa ferme située en Ontario.
Au Québec, l’Alliance SaluTERRE a été créée le 13 novembre par différents groupes, dont Équiterre et la Fédération de la relève agricole du Québec, dans le but de protéger les terres et les activités agricoles. Cette alliance veut faire pression sur le gouvernement québécois dans le cadre de sa Consultation nationale sur le territoire et les activités agricoles et sensibiliser le grand public à la situation de l’accaparement des terres. Surtout que, selon les chiffres de l’Union des producteurs agricoles, le nombre de transactions en zone verte a plus que doublé, passant de 1 100 par année en 2011 à 2 500 transactions par année en 2022 et, de ce nombre, les achats de propriétés par les entreprises de gestion seraient en nette augmentation.
Même au niveau régional, la pression sociale s’accentue pour décourager les investisseurs de l’extérieur de damer le pion aux agriculteurs lors de l’achat de terres. « C’est difficile à mettre en place, mais on regarde différentes pistes pour les contraindre. Par exemple, est-ce qu’on pourrait faire appel au droit de préemption, qui permet à une municipalité d’égaler l’offre d’un acheteur pour acquérir à sa place la propriété, même si l’offre d’achat est signée? » s’interroge Jonathan Ferté, conseiller au développement agroalimentaire pour la MRC de La Mitis. En fait, l’ensemble des élus du Bas-Saint-Laurent, par l’entremise de leur Table régionale des élus municipaux, a adopté une résolution, le 2 novembre, pressant le gouvernement du Québec de trouver des mécanismes afin de limiter les transactions agricoles à caractère spéculatif provenant d’investisseurs de l’extérieur de la région.
Pangea revendrait des terres avec profits
L’agricultrice Nathalie Lemieux dit s’être fait approcher par un représentant de Pangea qui voulait lui revendre des terres que la société d’investissement agricole avait achetées dans son secteur de Kamouraska, au Bas-Saint-Laurent. « Pour des terres qu’ils ont payées 1 395 $ l’acre il y a huit ans, ils demandent aujourd’hui 8 500 $ l’acre. Quand ils sont apparus dans le coin, c’est ce qu’on se disait, que Pangea cherchait le gain de valeur, pas l’agriculture à long terme. On savait que ça allait juste faire monter le prix des terres. Leurs lots, pas qu’on n’est pas intéressés, sauf qu’on ne peut juste pas rentabiliser le prix qu’ils demandent aujourd’hui […]. Là, on reste avec l’amertume que Pangea est venu faire la piasse », se désole-t-elle. La Terre a contacté le partenaire de Pangea au Bas-Saint-Laurent, mais celui-ci n’a pas voulu commenter.