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Le nouveau code de bien-être dans le porc pousse les producteurs à investir d’importantes sommes dans l’aménagement de leurs bâtiments de production. Tour d’horizon des trois principales exigences du nouveau Code de pratiques pour le soin et la manipulation des porcs en matière de bâtiments.
« La majorité des changements à apporter se situent dans les maternités », précise d’entrée de jeu le représentant des ventes chez Jolco Équipements, Louis Landry. Les modifications qui doivent être faites dans les autres types de bâtiments concernent surtout la surface allouée aux animaux. « Il faut augmenter le nombre de pieds carrés disponible pour chaque porc en parc d’engraissement, mais la plupart des producteurs l’ont déjà fait parce qu’ils savent que c’est bon pour leur productivité », avance le représentant.
Trouver les bonnes ressources
Quand vient le temps d’apporter des modifications à leurs bâtiments, il peut être difficile pour les éleveurs de voir clair dans toutes les nouvelles normes. C’est pourquoi il est important de s’entourer d’experts, selon le directeur du bien-être chez Jyga Technologies, Sylven Blouin. L’entreprise qu’il représente manufacture les produits de gestion de l’alimentation Gestal.
« Quand j’accompagne un producteur dans sa mise aux normes, la première chose qu’on fait, c’est un bon plan de plancher, soutient-il. On veut maximiser l’inventaire, c’est certain, mais on veut aussi que ça fonctionne. » Selon lui, tout doit être réfléchi, du système de logement à l’espace alloué en passant par la gestion environnementale, pour s’assurer que les animaux se comportent bien en liberté.
Systèmes de logement
De manière générale, le Code du Conseil national pour le soin des animaux stipule que les systèmes de logement doivent offrir un espace suffisant aux animaux, une bonne ventilation et une surface adéquate.
« Dans les mises bas, les animaux doivent être mis en liberté 28 jours après la dernière saillie », indique le représentant de Jolco Équipements, Louis Landry.
Le logement en groupe des truies en gestation apporte son lot de défis. « C’est comme dans la vraie vie; il y a des grosses et des petites truies, des malines et des plus fines, illustre M. Landry. Il faut s’assurer qu’elles vivent bien ensemble et qu’elles mangent toutes à leur faim. »
C’est pourquoi les systèmes d’alimentation mixtes qui combinent des distributeurs automatiques de concentrés et des systèmes réfectoires autobloquants gagnent en popularité dans les fermes du Québec. « Ça permet d’offrir des rations personnalisées à chaque truie et d’éliminer les agressions », note le représentant.
Les nouvelles exigences poussent également les éleveurs à se procurer de nouvelles cages de mise bas. Selon le Code, « la longueur de la cage […] doit permettre à la truie d’avoir suffisamment d’espace pour qu’elle puisse se déplacer vers l’avant et vers l’arrière, et pour qu’elle puisse se coucher sans être incommodée par une trémie surélevée ou une barrière arrière ».
Pour le président et propriétaire de l’entreprise Global Concept, Vincent Nadeau-Morissette, cette nouvelle obligation cause beaucoup de maux de tête aux producteurs. « C’est difficile à appliquer parce qu’il y a des truies plus jeunes, des plus petites, souligne-t-il. Quelle grandeur de cages doit-on choisir? »
Selon l’ingénieur, l’éleveur doit faire une bonne analyse de son troupeau et de sa production des prochaines années pour faire les bons choix. « La plupart de mes clients utilisent des cages de 24 po ou 28 po [60,96 cm ou 71,12 cm] », mentionne-t-il.
Installer de plus grandes loges pousse aussi les éleveurs à faire preuve d’imagination dans l’aménagement de leur bâtiment. « Il y a habituellement des passages autour de la cage, fait savoir M. Nadeau-Morissette. En enlevant la superficie allouée à ces couloirs, les producteurs sont habituellement capables de disposer leurs nouvelles cages sans nécessairement devoir agrandir le bâtiment. »
Espaces alloués
Selon les nouvelles exigences du Code de pratiques pour le soin et la manipulation des porcs, les truies logées collectivement doivent bénéficier d’un espace suffisant pour pouvoir se tenir debout, se déplacer et se coucher sans se nuire mutuellement. « Ça veut dire que chaque truie doit disposer d’un espace d’environ 21 pi2 [1,95 m2] », précise le directeur du bien-être animal pour Jyga Technologies, Sylven Blouin. Il ajoute que l’éleveur doit également aménager avec soin quatre zones dans son parc : une zone d’alimentation, de déjection, de circulation et de repos.
« Ça prend des zones bien délimitées pour que le parc soit propre, note-t-il. Un parc qui est sale, ça mène à des problèmes locomoteurs notamment. »
Les nouvelles exigences forcent également les éleveurs à isoler un animal malade ou blessé afin qu’il puisse être traité adéquatement. « C’est une pratique qui est déjà appliquée par une grande majorité de producteurs », remarque Vincent Nadeau-Morissette.
Gestion environnementale : température, ventilation et qualité de l’air
Si les nouvelles normes précisent que les systèmes de contrôle de l’environnement des porcheries doivent être en mesure de fournir de l’air frais et des conditions hygiéniques favorables à la santé des porcs, elles restent assez vagues quant aux seuils à respecter.
« Le code n’établit pas de limite quant au CFM par animal, par exemple », soutient le représentant des ventes chez Jolco Équipement, Louis Landry. Il explique toutefois que plusieurs technologies existent pour aider les producteurs à offrir un air de qualité en tout temps à leurs animaux.
L’appareil AgriMesh, distribué par Jolco Équipements, utilise des capteurs intelligents pour recueillir les données sur la température et l’humidité à l’intérieur et à l’extérieur de la ferme ainsi que les prévisions météorologiques pour automatiser la gestion de la ventilation des bâtiments de production. « La machine optimise les conditions d’élevage et les coûts de chauffage », s’enthousiasme M. Landry.
De son côté, le directeur du bien-être animal pour Jyga Technologies, Sylven Blouin, remarque que des systèmes de refroidissement de l’air sont de plus en plus présents dans les bâtiments. « On ne voyait jamais ça ici au Québec avant, mais avec les étés chauds des dernières années, c’est de plus en plus commun », explique-t-il. M. Blouin ajoute également que les producteurs optent désormais pour des murs ajourés plutôt que pour des murs pleins dans leur bâtiment pour favoriser une bonne circulation de l’air.
Étienne Dupuis, collaboration spéciale.