Économie 25 septembre 2017

ALENA : pas encore de demandes américaines sur le lait

En conférence de presse le 24 septembre, au début de la 3e ronde de renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), le négociateur canadien Steve Verheul a affirmé aux journalistes qu’il n’y avait pas encore eu de demandes formelles des Américains sur le lait et qu’il ne s’attendait pas à ce que ce soit le cas cette semaine. Cette 3e ronde se tient à Ottawa du 23 au 27 septembre.

« Il n’y a encore rien sur la table », avait déjà mentionné Pierre Lampron, président des Producteurs laitiers du Canada (PLC), en commission parlementaire le 18 septembre à Ottawa.

Le négociateur en chef du Canada, Steve Verheul. Crédit photo : Archives TCN
Le négociateur en chef du Canada, Steve Verheul. Crédit photo : Archives TCN

Marcel Groleau, président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), a confirmé à La Terre avoir entendu la même affirmation de Steve Verheul. Le président revenait d’une rencontre du comité-conseil sur l’ALENA, qui s’est tenue le 22 septembre à Toronto, en compagnie de Steve Verheul et de la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland.

Le 22 septembre, le Globe and Mail rapportait cependant, selon des sources proches du dossier, que les négociateurs américains auraient l’intention de déposer leurs demandes plus controversées pendant la 3e ronde.

Selon ce que relate le président de l’UPA, le rythme rapide des sept premières rondes, qui se succèdent toutes les trois semaines, ferait parfois en sorte que les négociateurs américains et mexicains n’ont pas toujours le temps d’être fin prêts pour la prochaine séance de négociation.

Pressions américaines et mexicaines

À la veille de la 3e ronde de négociation, divers groupes américains ont tout de même réitéré leur demande de mettre fin à la gestion de l’offre et d’éliminer toutes les barrières au commerce dans le secteur laitier. Le vice-président de la Fédération nationale américaine des producteurs laitiers, Jaime Castaneda, reproche notamment au Canada d’être allé trop loin en créant une nouvelle classe de lait pour concurrencer le lait diafiltré américain.

L’élément nouveau est que les producteurs américains ont conclu une alliance avec trois groupes de producteurs de lait mexicains. Sur ce point, les PLC ont affirmé en commission parlementaire que les agriculteurs des États-Unis avaient fait pression sur ceux du Mexique, qui n’avaient initialement aucune demande d’accès supplémentaire au marché canadien.

Arguments des PLC

Toujours en commission parlementaire le 18 septembre, les PLC ont rappelé que la gestion de l’offre avait été exclue des dernières négociations de l’ALENA et qu’ils demandaient que ce soit encore le cas cette fois-ci.

Pierre Lampron a insisté sur le fait que les Américains protègent leur secteur laitier et laissent entrer moins de produits sur leur territoire que le Canada. Les PLC affirment que notre voisin du Sud dispose de 24 contingents tarifaires qui limitent l’accès à leur marché des produits laitiers contre 12 pour le Canada.

Pierre Lampron a aussi défendu la nouvelle classe 7 pour le lait canadien qui va « favoriser l’innovation » et qui répond simplement aux « besoins du marché intérieur » canadien.

Le plaidoyer des PLC en commission parlementaire a également soulevé l’un des avantages dont bénéficient plusieurs producteurs de lait américains, qui comptent sur la main-d’œuvre de travailleurs illégaux. Une étude des PLC sur cet aspect et sur d’autres formes de soutien aux producteurs américains va servir aux négociateurs canadiens et sera publiée par la suite.