Distinctions 30 octobre 2024

Temple de la renommée : « Tenez-vous bien, la vague s’en vient! »

LÉVIS – Le gala d’intronisation au Temple de la renommée de l’agriculture du Québec, tenu le 26 octobre, au Centre des congrès de Lévis, a revêtu des atours de parité, cette année. En effet, pour la première fois de son histoire, l’organisation a accueilli en son sein deux femmes lors d’une même année d’intronisation, portant à cinq le nombre total d’intronisées sur 112.

« Ça prend maintenant une main complète pour compter le nombre de femmes qu’il y a au Temple de la renommée », a rappelé Ann Louise Carson, qui a été la première femme à la tête de Holstein Canada. « J’ai toujours été contre les quotas. Il ne faut pas avoir un poste parce qu’on est une femme. Il faut avoir le poste parce qu’on est la meilleure personne. Mais tenez-vous bien, la vague s’en vient! »

Cette vague féminine annoncée pourrait ainsi suivre les traces de Mme Carson et de l’agronome Odette Ménard, qui ont elles-mêmes rejoint Monique Lussier-Bessette (1996), Monique Lecours (2000) et Angèle St-Yves (2009) parmi les intronisées.

« Quand j’ai commencé à étudier en génie rural et que je suis arrivée dans ma classe, je pensais qu’il y avait une classe de filles quelque part. J’étais la seule fille parmi les gars », se souvient Mme Ménard, une pionnière en santé des sols, qui a aussi été nommée au Temple de la renommée en conservation du sol du Canada, en 2005.

Il y a beaucoup de travail à faire pour arriver à une vraie parité homme-femme. La reconnaissance, l’expertise est encore souvent attachée au gars plutôt qu’à la fille.

Odette Ménard

Selon Mme Ménard, la cuvée 2024 du Temple de la renommée est tout de même un excellent exemple de ce qui a déjà été accompli. « Il y a encore beaucoup de travail à faire, mais en même temps, on a fait des avancées. Mon mari a reçu des fleurs ce soir! C’est un bon pas. »

Un pour tous, tous pour un

Selon Serge Lefebvre, l’un des deux hommes intronisés, avant de regarder la somme d’une carrière, il faut regarder la somme d’une vie. « L’ensemble de l’œuvre m’emplit de fierté, mais je dirais que ça commence aussi tôt que dans ma jeunesse, dans une ferme laitière. C’est là que j’ai appris le sens des responsabilités et développé certaines aptitudes », se remémore le copropriétaire de la Ferme St-Ours, qui a entre autres présidé les Producteurs d’œufs du Québec de 2004 à 2011. « D’un point de vue professionnel, un de mes plus grands accomplissements est la mise en place d’un programme de la relève dans les œufs de consommation, un programme qui fonctionne encore aujourd’hui et qui permet de remettre chaque année un quota à un jeune ou une jeune de la relève. »

Parlant de jeunesse, l’ensemble de la famille de M. Lefebvre, incluant ses 11 petits-enfants, a accompagné le nouvel intronisé au gala. « De voir que les gens reconnaissent mon parcours, ça fait chaud au cœur », a-t-il reconnu, la voix emplie d’émotion.

D’avoir une reconnaissance comme ça, ça rejaillit sur tous les gens qui m’ont accompagné tout au long de mon parcours.

Serge Lefebvre

L’autre point de mire de la soirée a été l’ancien président général de l’Union des producteurs agricoles, Marcel Groleau. Visiblement ému, celui qui a été nommé au Temple canadien de la renommée agricole, l’an dernier, a tenu à remercier et, surtout, à féliciter à son tour tous les gens qui l’ont épaulé au cours des années.

« J’ai toujours été impressionné par les biographies des gens qu’on intronisait et j’avoue que je ne m’imaginais pas me rendre là », a mentionné M. Groleau en entrevue avec La Terre, quelques minutes avant le début de la cérémonie. « L’important, ce sont surtout les gens avec qui j’ai travaillé qui me reviennent à l’esprit. Il y a des gens qui se sont même déplacés de l’Abitibi pour être ici ce soir. Ça me touche énormément. »

« C’est un peu injuste de recevoir un honneur individuel de la sorte parce qu’il y a tellement de gens qui ont collaboré aux succès que j’ai pu obtenir », a affirmé M. Groleau. En plus des postes de président de l’UPA et des Producteurs de lait du Québec, il peut désormais ajouter à la liste celui de président du Club de golf et curling de Thetford Mines, ce que les organisateurs de la soirée n’ont pas manqué de souligner à la blague devant les 325 convives réunis.