Actualités 1 octobre 2014

Des patenteux débrouillards

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Rien n’est à l’épreuve des Pelletier, établis en agriculture depuis 11 générations. Touche-à-tout, les propriétaires de la ferme construisent, réparent, mais surtout… patentent.

Dans le village côtier de Saint-Roch-des-Aulnaies, les trois silos et l’étable au toit vert de la Ferme Pelletier et fils font partie intégrante du panorama formé par le fleuve et les Appalaches qui se dressent au loin. Première établie dans la concession des Aulnaies, la famille Pelletier cultive le même lopin de terre depuis 11 générations. Loin d’être aussi patenteux que leurs descendants Réal et Dany, les ancêtres de la famille ont cependant réussi à perdurer en agriculture grâce à leur débrouillardise.

« Je ne sais pas s’ils étaient manuels ou pas, mais chose certaine, on est encore là », note Réal Pelletier en montrant une maison de pierres qui s’érige fièrement sur le terrain de la ferme depuis la colonisation. La chaumière a même résisté aux Anglais qui brûlaient tout sur leur passage à la suite de leur conquête, ajoute le fils de Réal, Dany.

Quant aux patentes, elles ont commencé à peupler le garage de l’entreprise familiale lorsque Réal Pelletier a pris les rênes avec son père. « Quand j’ai commencé ici, je travaillais avec des chevaux », se remémore-t-il en riant. À peine sorti de l’Institut de technologie agroalimentaire de La Pocatière, où il avait appris comment souder, le patenteux confectionnait des machines pour moderniser le fonctionnement de la ferme.patenteux_freres

 

L’homme de 66 ans a transmis sa passion à son fils, Dany Pelletier ayant été initié à la fabrication de patentes dès son tout jeune âge. « J’ai toujours suivi mon père, se souvient-il. J’ai commencé par racler le terrain, puis faucher. » Aujourd’hui, patenter constitue un travail père-fils à la ferme.

« La soudure, c’est plus mon affaire. Mais les machines, on les imagine à deux, on s’obstine à deux », dit Réal Pelletier en rigolant. Les deux patenteux ne se limitent pas à la conception d’outils pour les champs. Les maisons qui se trouvent sur le terrain familial, de même que tous les bâtiments de ferme, sont fabriqués de leurs mains.

Depuis que Réal Pelletier a construit sa première patente dans les années 1970, l’atelier de la ferme s’est nettement raffiné. Les Pelletier ont constitué un inventaire impressionnant de pièces au deuxième étage de leur garage. Tout est classé minutieusement dans les deux petites remises qui débordent de ferraille. Les patenteux ont d’ailleurs récemment construit un monte-charge pour faciliter le transport des trouvailles plus imposantes du rez-de-chaussée à l’entrepôt. « Quand on travaille sur quelque chose, on vient ici et on trouve souvent ce que l’on cherche », explique Réal Pelletier.

Des plans plein la tête
S’ils ont déjà produit bon nombre de patentes, en plus d’avoir construit trois maisons et plusieurs bâtiments qui ornent aujourd’hui le terrain de leur entreprise, les deux patenteux ne sont pas à court d’idées. Ils caressent d’ailleurs plusieurs projets pour les années à venir. Les propriétaires, qui possèdent 110 vaches en lactation, envisagent d’aménager leur étable pour accueillir deux robots de traite. « C’est notre gros projet. Avec l’âge de mon père, on ne peut pas grossir démesurément », fait remarquer Dany. Les Pelletier entendent maintenir la même production de lait tout en continuant à cultiver leurs 260 ha en maïs-grain, en maïs ensilage, en canola, en blé et en foin. La conjointe de Dany, Annie Genest, qui travaille déjà à la ferme, deviendra également copropriétaire dans les prochaines années.

Sur le terrain de la ferme familiale, la maison de Dany Pelletier offre une vue imprenable sur le soleil qui amorce sa descente derrière les silos et le toit vert de l’étable. À peine revenus de l’école, les enfants du patenteux s’amusent sur la pelouse. Trop tôt pour dire s’ils formeront la 12e génération de Pelletier à vivre de l’agriculture à Saint-Roch-des-Aulnaies.