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La brutalité de l’ouragan Fiona a secoué des agriculteurs de l’Île-du-Prince-Édouard, témoigne l’éleveur Alain Rémond, qui a dû affronter des vents qui ont atteint, selon lui, 185 km/h. « On a eu peur, très peur. La maison tremblait. Le vent était bruyant, un bruit étourdissant. Vers 5h du matin, je devais sortir pour traire les vaches, mais on se demandait si en sortant, on n’allait pas se faire emporter par le vent. Je suis finalement sorti, en marchant accroupi. J’avais du mal à tenir debout tellement le vent était fort. Mes lunettes sont parties au vent », raconte-t-il.
Le producteur ajoute avoir entendu un boum. C’était la porte d’entrée de sa maison qui venait d’être arrachée par le vent. Le trou a dû être colmaté avec du contreplaqué, en pleine tempête. « Il faut le vivre pour le croire », assure-t-il, la voix encore épuisée au bout du fil.
Une douzaine de fermes détruites
Même s’il dit avoir vécu tout un moment d’angoisse durant la nuit du 23 au 24 septembre et le matin suivant, l’ouragan a seulement provoqué des dégâts mineurs à ses bâtiments. Certains de ses collègues agriculteurs n’ont pas eu cette veine, s’attriste-t-il. « Nous avons eu une réunion d’urgence ce matin et une douzaine de fermes de la région ont été complètement détruites par l’ouragan. C’est catastrophique. Chez l’un, il y a des vaches qui sont mortes, écrasées par le silo qui s’est effondré sur l’étable. Chez un autre, c’est le toit en plastique de l’étable qui a été emporté. Il ne reste plus rien chez lui; les vaches se sont retrouvées à l’air libre durant l’ouragan. Et sous le vent et la pluie, elles sont devenues folles. Il faut dire qu’en plus, nous avons eu 100 mm de pluie », mentionne-t-il, précisant que la maison mobile de son voisin a été culbutée par l’ouragan. Au moins, le lait a été ramassé. « On est chanceux pour ça », reconnaît-il.
Les producteurs québécois appelés en renfort
La principalement perte d’Alain Rémond n’est pas à l’étable, mais au champ, où tout son maïs a ensilage a été couché et déchiqueté par les vents. Il s’inquiète de tout le perdre, car couché au sol, le maïs doit être récolté d’ici deux semaines. Autrement, le taux de toxine le rendra impropre à l’alimentation des vaches. Il croit que les forfaitaires ne réussiront pas à tout récolter à temps lorsque les conditions le permettront. « On aimerait que des producteurs du Québec qui ont terminé leur récolte viennent donner un coup de pouce pour notre maïs d’ensilage », demande-t-il.
Au moment de l’entrevue, le 26 septembre, Alain Rémond, n’avait toujours pas d’électricité, sauf celle de sa génératrice. La situation est telle que l’armée est sur place pour prêter main-forte, témoigne le copropriétaire de la ferme Redview Jersey.
L’agriculteur s’était pourtant bien préparé à la venue de l’ouragan en barricadant les portes de sa ferme avec des balles de foin et de la machinerie. « On avait été bien prévenus. Et on s’était préparé, mais c’était pire qu’on avait imaginé. Rien ne résiste à un ouragan comme celui-là », affirme M. Rémond. Il croit qu’avec le réchauffement des océans, les ouragans ne seront plus freinés comme c’était le cas auparavant, craignant que l’agriculture en fasse encore les frais.
Plus de peur que de mal au Québec
De forts vents ont également soufflé sur l’est du Québec en fin de semaine, mais semblent avoir eu peu de répercussions dans les fermes. Roberto Chevarie, producteur maraîcher à L’Étang-du-Nord, aux Îles-de-la-Madeleine, fait partie des rares agriculteurs ayant rapporté des dommages. Le revêtement en plastique de sa serre de 35 pieds par 150 pieds a été complètement arraché sur le toit et un peu sur les côtés. « Vers 3 h du matin, dans la nuit de samedi, on a entendu le bruit du plastique qui tapait très fort », décrit l’agriculteur qui se doutait déjà à ce moment-là qu’il aurait des débris à ramasser le lendemain. Surtout que sa toile avait déjà été endommagée par un orage survenu plus tôt, en juin. « Là, c’est vraiment tout à ciel ouvert. Je devais changer le revêtement, d’une manière ou d’une autre. Au moins, la structure a l’air correcte. »
De façon générale, l’ouragan aura causé plus de peur que de mal dans les fermes de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, conclut la fédération régionale de l’Union des producteurs agricoles, après avoir fait une tournée d’appels sur son territoire pour évaluer l’ampleur des dégâts. Parés au pire, la majorité des agriculteurs avaient fixé les toitures avec du cordage, barricadé les fenêtres et ramassé les équipements dans les cours pour éviter que ceux-ci s’envolent, raconte le directeur général de l’organisation, Guy Gallant.