Actualités 26 septembre 2014

Des églises à vendre (partie 2) – Un amour qui ne veut pas mourir

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Le Québec compte pas moins de 3000 églises de toutes confessions. Ce patrimoine bâti est menacé. Chaque semaine, certains temples du culte changent de vocation quand ils ne sont pas tout simplement démolis. On parle d’un véritable « tsunami anti-culturel ». Pourtant, des communautés ont réalisé l’importance de ce trésor national. Cette semaine, nous vous présentons l’un de ces exemples, Saint-Marcel-de-Richelieu.

 Saint-Marcel-de-Richelieu

Un amour qui ne veut pas mourir

 La petite église de Saint-Marcel-de-Richelieu ne sera jamais classée et le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine ne lui reconnaîtra pas de statut de « valeur patrimoniale incontournable ». Mais malgré ses 150 ans, elle trône toujours, avec fierté, au cœur de son village. Pourtant, des architectes évaluaient, en 2008, qu’il fallait investir près de 600 000 $ pour la remettre en état! La paroisse était en faillite technique puisqu’il ne restait que 11 000 $ dans les coffres de la fa­brique… Et que la messe du dimanche attirait moins d’une quarantaine de participants. Il fallait donc bouger et, à contrecœur, se rési­gner à mettre l’église en vente.

« La caisse populaire venait de fermer et quand les gens de Saint-Marcel ont vu leur église en vente dans le journal local, ça a déclenché une prise de conscience énorme. Les grandes familles de la paroisse ont réalisé que sauver l’église c’était sauver le village », se rappelle le curé Benoît Côté. Il fallait cependant croire au miracle.

Ce miracle, il est venu de l’intérieur de la communauté, grâce à de bons samaritains comme Laurent Brouillard, le président des marguilliers, et bien d’autres qui ne pouvaient se résoudre à perdre ce patrimoine religieux. Ce dernier croyait déjà à la survie de l’église, mais il avait compris qu’il fallait faire des compromis pour y arriver. « Quand j’ai accepté la présidence des marguilliers, j’avais déjà la conviction que tout en préservant notre église comme lieu de culte, il fallait lui donner une vocation communautaire », a-t-il expliqué.

Un des compromis consistait à se débarras­ser des bancs qui occupaient le parterre de l’église. Impossible en effet de tenir des réunions ou toute autre activité au travers de bancs bien vissés dans le plancher. Quelques-uns ont été conservés pour les offices du dimanche. Déposés sur des feutres, ils peuvent être glissés et rangés sur le côté. Convaincre les paroissiens d’abandonner leurs bancs pour les remplacer par des chaises pliantes est une étape importante vers la transformation des églises en centres communautaires. « Ça fait cinq ans que je travaille pour sortir les bancs de l’église », confesse Laurent Brouillard.

 Alléluia!

Aujourd’hui, l’espoir est revenu à Saint-Marcel. La communauté s’est prise en main et avec l’aide de la municipalité, la fabrique a obtenu une subvention de 50 000 $ de la MRC des Maskoutains dans le cadre du Pacte rural.

La subvention obtenue pour l’église n’est pas renouvelable et est conditionnelle à la participation réelle des communautés. « Nous avons dû nous engager à utiliser la subvention uniquement pour la transformation de l’église en salle communautaire. Pas de rénovations. Nous avons dû investir 15 % supplémentaires comme preuve de l’implication du milieu dans le projet », explique Laurent Brouillard. Avec de généreux donateurs, la subvention et les revenus de la communauté, l’église pourra être utilisée comme lieu de culte et comme salle communautaire par les citoyens. Une cuisine communautaire a par ailleurs été aménagée. Ces activités généreront des revenus et contribueront à l’équilibre budgétaire de la fabrique.

Parmi ces activités, notons la création du Festival d’accordéons de Saint-Marcel, qui permet déjà d’entrevoir l’avenir de l’église avec optimisme. « L’événement accueillait pas moins de 55 joueurs d’accordéon et plus de 500 participants. L’événement, qui a d’ailleurs marqué l’inauguration de la salle, en sera à sa quatrième édition en avril prochain. Jusqu’ici présenté en juin, le Festival aura cette fois lieu les 27, 28 et29 avril 2012, question de réunir davantage d’accordéonistes.

« Quand tout le monde joue ensemble dans notre église, c’est sublime », conclut Laurent Brouillard.

 Lien : www.festivalaccordeonstmarcel.com