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Le Québec compte autour de 3000 églises de toutes confessions, et depuis quelques années, il ne se passe pas une semaine sans qu’une ou deux ferment ses portes. « C’est un véritable tsunami anti-culturel », déplore Luc Noppen de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Selon Statistique Canada, 85 % des Québécois se disent pourtant de culture chrétienne catholique. Ces derniers tiennent presque toujours à la présence des églises et autres bâtiments religieux dans leur environnement immédiat. Le problème, c’est que seulement 3 % d’entre eux sont pratiquants et contribuent financièrement à l’entretien de ce patrimoine religieux.
Nos églises souffrent donc de sous-financement chronique, et, à ce chapitre, le milieu rural ne fait pas meilleure figure que les villes. Les annonces d’églises vendues et transformées en condos, en terrain de basketball, en restaurants ou en bars ne cessent de se multiplier.
Les coûts du chauffage, des assurances, des réparations mineures et des autres imprévus de ces bâtiments sont évalués entre 40 000 et 50 000 $ annuellement. Si le toit est à refaire… c’est l’enfer! Tout ça représente beaucoup d’argent quand seulement quelques fidèles financent leur église. C’est encore pire quand il n’y a qu’une seule messe et qu’une seule quête par mois parce que le curé doit desservir quatre ou cinq autres paroisses. Ce qui est souvent le cas.
Cul-de-sac
Plusieurs membres des communautés rurales, qui tenaient leur église pour acquise, se sont trouvés devant un cul-de-sac, incapables qu’ils étaient de payer pour l’entretien du lieu de culte où ils se sont mariés et ont fait baptiser leurs enfants. Leur premier réflexe a été de se tourner vers le gouvernement ou le diocèse pour demander de l’aide, mais ce n’est pas si simple, explique Luc Noppen. En effet, selon ce dernier, les églises du Québec sont de propriété privée, elles ne sont pas à la charge de l’État, ni du diocèse comme ailleurs au Canada. Dans notre province, elles appartiennent à des fabriques paroissiales qui sont administrées par les marguilliers au nom des fidèles.
Selon Luc Noppen, qui s’intéresse au sort de nos églises depuis 1972, seules celles qui sont prises en charge par les communautés locales, avec des idées ou des projets, ont des chances de survie. Au contraire, les citoyens qui pensent que le gouvernement devrait classer l’église comme patrimoine religieux ou que la ville devrait l’acheter risquent fort de se retrouver devant un chantier de démolition.
De grands noms à la rescousse
Ce ne sont évidemment pas toutes les paroisses québécoises aspirant à sauver leur église qui peuvent bénéficier de l’appui de grands noms de la chanson d’ici tels Ginette Reno et Jean-Pierre Ferland. Ce fut le privilège de Saint-Norbert dont l’église du village a bénéficié des profits d’un concert-bénéfice offert par les deux artistes il y a deux ans. Jean-Pierre Ferland, il faut le souligner, est résident de ce village depuis une trentaine d’années, ce qui a facilité son accord à participer à ce projet.
Le spectacle a attiré 3000 personnes et rapporté 125 000 $, qui ont servi à la réfection de l’église, construite au 19e siècle et reconnue par la Fondation du patrimoine religieux du Québec.
Si ce sont les deux complices sur la scène qui ont attiré les applaudissements de la foule, il va sans dire qu’une armée de bénévoles a travaillé dans l’ombre pour obtenir cette belle réussite.
Vivre à la campagne vous présentera dans les prochaines semaines les exemples de deux petites communautés rurales voisines, Saint-Marcel-de-Richelieu et Saint-Bernard-de-Michauville. Ces municipalités de 500 âmes ont compris que c’est à elles seules qu’il revenait de sauver leur église menacée.
À suivre la semaine prochaine : Le miracle de Saint-Marcel-de-Richelieu