Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Des volumes importants d’azote sont gaspillés, soit parce qu’ils excèdent les besoins de la plante, soit parce que les conditions météo ou celles du sol en empêchent l’absorption. Il en résulte des pertes financières significatives pour le producteur, sans parler des effets environnementaux. Bonne nouvelle : une équipe d’Agriculture et Agroalimentaire Canada met présentement au point un système qui améliorera la précision des applications d’azote.
Le projet s’appelle SCAN. Orchestré par le chercheur Nicolas Tremblay, il devrait comprendre un site Internet où les producteurs de maïs pourront connaître, en temps réel, la dose d’azote optimale selon la journée d’application, et ce, pour chacun de leurs champs. « Les propriétés du sol influencent grandement la dose qu’il faut appliquer, mais je dirais que le facteur numéro un, c’est la météo, fait remarquer M. Tremblay. Certaines années, les conditions météorologiques te permettent de mettre plus d’engrais, mais d’autres années, c’est l’inverse. Qu’on se réfère à 2011, une saison extrêmement sèche aux États-Unis : les producteurs ont mis de l’engrais pour rien! Or, le système informatique sur lequel nous travaillons permettra aux producteurs de déterminer plus efficacement les doses d’azote, puisqu’il se base, entre autres, sur les prévisions météorologiques du moment », mentionne ce chercheur d’Agriculture et Agroalimentaire Canada établi à Saint-Jean-sur-Richelieu.
De fait, les précipitations ont un impact sur l’efficacité de la fertilisation. Des pluies diluviennes lessivent les sols et évacuent l’engrais, tandis que des situations de sécheresse l’empêchent d’être intégré par la plante. Ce sont les conditions pluvieuses (mais sans déluge!), avant et après l’application d’azote, qui assurent la meilleure efficacité de la fertilisation azotée. Plusieurs recherches en font état, dont l’une de Shahandeh (2011) mentionnant que lors d’une année humide, la réponse du maïs à une fertilisation de 180 kg d’azote à l’hectare double presque dans les sols de texture moyenne (loam, loam sableux…) et triple dans les sols de texture fine (argiles), et ce, comparativement à une année sèche. Au Québec, Nicolas Tremblay faisait remarquer que les applications d’azote peuvent accroître les rendements de maïs de quatre fois et demie dans les sols de texture fine lors des précipitations abondantes et bien réparties, relativement à une fois et demie durant les périodes de faibles précipitations.
Un site Internet
Le concept SCAN se déclinera en deux versions : une première de base et une seconde plus sophistiquée, destinée aux producteurs de maïs équipés d’un applicateur à taux variable. Le modèle de base fonctionnera à partir d’un site Internet simple d’utilisation. Tout d’abord, le producteur y inscrira différents paramètres comme le type de sol (pourcentage de sable d’argile et de limon), le taux de matière organique, le précédent cultural, l’apport ou non de fertilisants organiques et la date où il compte appliquer l’engrais. Ensuite, le système recherchera automatiquement les données météo (d’une très grande précision, nous dit-on) pour le champ en question. Le logiciel tiendra compte des précipitations tombées au champ lors des 15 jours précédant l’application, en plus des prévisions de pluie concernant les 15 prochains jours. Après différents calculs, comme par magie, le site Internet affiche la dose à appliquer. « Nous avons effectué plusieurs comparatifs au champ entre la dose du producteur et celle recommandée par le logiciel. En moyenne, on appliquait 15 % moins d’engrais, sans nuire aux rendements. Même qu’avec le logiciel, les rendements ont augmenté d’un centième de tonne [statistiquement non significatif, il va sans dire!] », précise Nicolas Tremblay.
Le producteur peut gérer le champ comme une pièce uniforme, ou le segmenter en deux ou trois zones advenant des différences dans les propriétés du sol.
Hyperprécision
La version plus sophistiquée du logiciel formulera les doses d’engrais pour des microzones et sera donc directement consacrée au taux variable. Le logiciel fonctionnera sur les mêmes bases (la texture du sol et les prévisions météorologiques), mais exigera des informations supplémentaires en vue de créer une carte de fertilisation hyperprécise. « Le champ devra être analysé avec un dispositif comme le Véris [qui mesure la conductivité électrique apparente du sol], lequel produit une carte très détaillée des textures de sol. Sauf que même dans les zones que le Véris affiche comme relativement uniformes, on se rend compte qu’il y a des variations de croissance des plantes. Avant d’appliquer l’engrais, nous arpentons donc le champ avec le GreenSeeker, une série de capteurs optiques couplés à un GPS, qui mesurent le niveau végétatif. L’analyse de la végétation nous permet ensuite d’ajuster les recommandations d’engrais avec un raffinement supérieur », commente M. Tremblay.