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L’abeille domestique joue un rôle clé dans la pollinisation de nombreuses cultures et la production de miel. Des retombées annuelles de l’ordre de 5 milliards de dollars par année sont directement reliées à l’apiculture canadienne. Malheureusement, son déclin est alarmant partout dans le monde. L’Association canadienne des apiculteurs professionnels a rapporté des pertes hivernales de 45,6 % en 2021-2022, le taux le plus élevé enregistré depuis 2007.
Le parasite Varroa destructor est l’une des principales menaces pour la survie des abeilles. Il ravage les ruchers depuis plusieurs décennies et les connaissances de ses effets sur l’abeille gagnent à être étudiées. Certains tests utilisés par les médecins vétérinaires chez d’autres espèces animales peuvent être adaptés pour les abeilles et pourraient permettre d’en apprendre davantage sur ce ravageur.
Un projet récent a permis de démystifier les répercussions d’une exposition prolongée à Varroa destructor sur l’état de santé des abeilles au Québec. Ce projet de recherche a comparé des ruches fortement parasitées par Varroa à des ruches témoins, durant une saison apicole. Ce projet a d’abord permis d’adapter l’utilisation d’un glucomètre humain pour mesurer les taux de sucres circulant chez les abeilles. Les résultats obtenus, fort intéressants, ont fait l’objet de deux articles scientifiques.
Au cours de l’été, les abeilles fortement parasitées étaient capables de maintenir un état de santé stable. Les concentrations en sucres circulant dans leur sang, mesurées grâce au glucomètre, étaient similaires à celles des abeilles témoins. De plus, les charges de cinq virus (virus des ailes déformées, virus de la paralysie aiguë, virus du cachemire, virus israélien de la paralysie aiguë et virus de la cellule royale noire) demeuraient faibles chez toutes les ruches étudiées, durant le printemps et l’été.
En revanche, en septembre, les charges virales augmentaient significativement pour la plupart des virus étudiés (sauf le virus de la paralysie aiguë) dans les ruches fortement infestées par Varroa. Il est connu que cet acarien contribue à la transmission de plusieurs virus dangereux pour l’abeille, tout en affaiblissant ses mécanismes de défense et en se nourrissant de ses réserves nutritionnelles. On a d’ailleurs observé, en parallèle, une diminution des concentrations des sucres chez les abeilles fortement parasitées à l’automne.
Considérant que les colonies d’abeilles fortement parasitées n’ont pas survécu, les concentrations en sucres dans l’hémolymphe des abeilles (l’hémolymphe est l’équivalent du sang chez les insectes) pourraient peut-être permettre de prédire la mortalité des ruches. Le glucomètre est un outil accessible qui pourrait guider les apiculteurs et médecins vétérinaires dans la gestion des ruches.
Le traitement et la gestion du parasite Varroa doivent se faire en début de saison apicole, avant que les effets secondaires irréversibles et critiques du parasite ne se développent à l’automne. Un suivi et un contrôle estival des populations de cet acarien, sous des seuils d’infestation de 2-3 %, devraient être une priorité pour le maintien de l’état de santé de la ruche par les apiculteurs.