Actualités 1 novembre 2024

De l’espoir pour les petits producteurs grâce à un projet pilote d’abattage à la ferme

POINTE-AUX-OUTARDES – Pour les fermes situées en régions éloignées, comme la Ferme Desrochers, de Pointe-aux-Outardes, sur la Côte-Nord, pouvoir abattre sa production directement à la ferme simplifierait grandement les activités. Un projet pilote mené par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) est en train d’explorer cette avenue.

Éleveurs de porcs, d’agneaux et de poulets de chair depuis trois ans, Gabrielle Desrochers et Marc-Olivier Gougeon ont sauté sur l’occasion quand le MAPAQ a lancé un appel de candidatures pour un projet pilote d’abattoir de poulet à la ferme, en 2022. « On a investi environ 15 000 $ dans le projet, grâce à un financement reçu du Centre local de développement Manicouagan. On ne sait pas si ça se poursuivra au-delà des quatre ans du projet pilote, alors c’était un pensez-y- bien », explique Gabrielle.

Un petit bâtiment a été construit, où le couple de producteurs pratique l’abattage deux fois par année, pour un maximum de 300 poulets. L’opération se fait sous la supervision d’un agent du MAPAQ, qui vient passer quelques heures avec eux. 

« On ne connaissait rien là-dedans, alors au moment de s’équiper et d’apprendre comment faire, on a regardé des vidéos sur Internet. Ç’a été un petit défi de trouver les accessoires. Les crochets sont faits sur mesure à Mirabel et le pistolet percuteur vient de Suisse. Le MAPAQ nous observe, mais personne ne nous dit comment faire », raconte Marc-Olivier.

Marc-Olivier Gougeon, éleveur de porcs, d’agneaux et de poulets de chair
Francis Roberge

Neuf abattoirs à la ferme 

Selon Francis Roberge, conseiller en salubrité des aliments au MAPAQ, 21 autorisations ont été délivrées depuis le début du projet pilote d’abattage, mais seulement neuf abattoirs sont en fonction. « On est toujours en collaboration avec les exploitants pour les aider à se mettre aux normes. Il faut faire valider les installations avant la délivrance du permis. L’objectif du projet est de définir des normes d’abattage à la ferme et d’analyser l’incidence sur la salubrité des viandes », mentionne-t-il.

L’abattage à la ferme est une solution qui pourrait faire économiser beaucoup de temps et d’argent aux petits producteurs comme les propriétaires de la Ferme Desrochers. « Pour nous, c’est huit heures de route pour se rendre à l’abattoir de Lévis. En le faisant ici, c’est moins de stress pour les animaux, on sauve de l’essence, une location de camion, et du temps », dit Gabrielle.

Les deux producteurs espèrent que les permis d’abattage à la ferme seront renouvelés à l’issue du projet pilote. « Ce qu’on aimerait, c’est qu’ils élargissent aux canards et aux dindes, car louer un camion pour 25 dindes, ce n’est pas rentable. On aimerait même devenir un abattoir de proximité pour nos voisins producteurs, qui vivent les mêmes problèmes que nous. Ce projet a été pensé pour aider les petites fermes, mais c’est aussi très intéressant pour les producteurs en régions éloignées », estime Marc-Olivier.

Un autre appel de candidatures pourrait avoir lieu en 2025. « C’est vraiment à l’issue du projet pilote qu’on va déterminer si ça va se poursuivre et comment. Pour l’instant, on est vraiment en mode analyse », dit Francis Roberge.