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Si la récupération des plastiques agricoles a fait des progrès ces dernières années, certains produits comme les sacs d’ensilage peinent à trouver preneur. Faute de débouchés, plusieurs tonnes de plastique servent de combustible pour une cimenterie ou finissent au site d’enfouissement.
Depuis le 1er juillet, les agriculteurs de la MRC de Brome-Missisquoi peuvent porter leurs anciens sacs, bâches, filets et pellicules pour le foin et l’ensilage aux trois sites prévus à cet effet. Contrairement aux plastiques rigides comme les contenants de pesticides et de fertilisants qui sont recyclés pour entrer dans la fabrication de nouveaux produits, ces plastiques « souples » sont plutôt destinés à alimenter la cimenterie CRH de Joliette.
Un moindre mal, explique-t-on. « On désirait répondre à une demande de nos agriculteurs, mais on ne voulait pas récupérer [ces plastiques] pour les enfouir. Pour l’instant, le choix de la valorisation énergétique à la cimenterie est la seule option viable. De cette façon, on sait qu’il ne se retrouvera pas dans les champs ou les cours d’eau », fait valoir la conseillère en économie circulaire Marie-Pier Lussier.
La valorisation énergétique est une meilleure option que l’incinération ou l’enfouissement à la ferme, confirme Christine Lajeunesse, coordonnatrice pour l’Est du Canada chez AgriRÉCUP. « La combustion de ces plastiques en cimenterie se fait à une température très élevée et l’utilisation d’un filtre permet d’en diminuer l’impact environnemental. »
Marché restreint
Les MRC se retrouvent devant un casse-tête depuis que la Chine – qui accueillait 70 % des importations totales de plastiques recyclés – a cessé l’achat des matières provenant des autres pays en 2018.
Jusqu’à ce que survienne la pandémie, la MRC de Coaticook approvisionnait en plastiques agricoles un recycleur américain, l’un des rares qui acceptent ce type de plastique pour en faire du diesel. « La frontière est fermée et en attendant, les sacs d’ensilage s’accumulent rapidement. La prochaine collecte ira à la cimenterie de Joliette », déplore Monique Clément, coordonnatrice de projet pour les matières résiduelles à la MRC de Coaticook..
Dans la MRC d’Arthabaska, on éprouve les mêmes difficultés. « La valeur des plastiques souples est faible et c’est sans compter l’enjeu de la contamination, confie Francis Gauthier, directeur de projets chez Gesterra, l’entreprise responsable de la gestion de ces matières. Présentement, les plastiques s’accumulent chez nous et notre seule option est l’enfouissement. »
Au Québec, seul Modix Plastique à Lachute accepte certains plastiques souples d’usage agricole qu’il recycle pour en faire de la résine prête à être réintroduite dans la boucle de production. Sa directrice exécutive Lucie Ying Li affirme toutefois que l’entreprise se bute à certains défis. « D’un côté, nous éprouvons des difficultés à trouver des plastiques de haute qualité et de l’autre, les producteurs ne sont pas intéressés à utiliser des matières recyclées dans leur production. S’il y avait un marché pour notre résine, nous serions capables de reprendre toutes les pellicules d’usage agricole du Québec. »
De l’espoir malgré tout
Malgré l’état des choses, Christine Lajeunesse d’AgriRÉCUP ne perd pas espoir. « Les producteurs européens doivent désormais utiliser un certain pourcentage de matière recyclée dans leurs produits et ici, deux recycleurs qui sont déjà en opération pourraient accepter des plastiques dans un avenir rapproché. La situation pourrait s’améliorer sous peu. »
En chiffres 11 000 : tonnes de plastiques agricoles générées chaque année au Québec 20 % : proportion récupérée Source : Recyc-Québec, 2018 |