Économie 13 février 2023

La hausse du prix du gaz naturel coûte cher aux producteurs en serre

Le prix du gaz naturel a doublé en un an, ce qui a considérablement accru les dépenses en coût de chauffage des entreprises serricoles qui utilisent ce type d’énergie.

Le président-directeur général d’Hydroserre Mirabel, dans les Basses-Laurentides, Sylvain Terrault, évalue à plus d’un million de dollars les dépenses liées à l’augmentation du prix du gaz naturel dans la dernière année. « Les prix ont monté très vite à partir de mars dernier. Ça fait presque 12 mois qu’on a une augmentation constante des frais de gaz naturel », dit-il en précisant que cela coïncide avec le début de la guerre en Ukraine et la rareté du gaz en Europe. Lorsque le dirigeant ajoute à cela la hausse du coût des intrants de la dernière année, comme les engrais, l’essence, le transport et les emballages de plastique, les frais supplémentaires totalisent 2 M$ pour son entreprise. De plus, les prix de vente des laitues, des concombres biologiques et des poivrons biologiques étant souvent fixés par contrat avec ses clients, le chef d’entreprise affirme ne pas avoir enregistré de profits durant la dernière année.

Un producteur peut s’approvisionner en molécules de gaz naturel auprès de fournisseurs indépendants sur le marché nord-américain, ou auprès de la société québécoise Énergir. De la même façon qu’il peut avoir une hypothèque à taux fixe ou variable, celui-ci peut payer un prix variable de gaz mensuellement ou fixer un prix sur une plus longue période. Indépendamment du type de fournisseur choisi, Énergir assure le service de distribution, de transport et d’équilibrage du gaz naturel vers les entreprises agricoles, ce qui représente près de 50 % de la facture du producteur.

À Saint-Alexandre, en Montérégie, le ­producteur ornemental Hervé Barjol observe une hausse de 25 % sur sa facture de gaz naturel depuis le 1er janvier. « J’avais un prix fixe, pendant cinq ans, qui a doublé le 1er janvier. Le [prix de la molécule] passe de 13 à 28 ¢/m³ », soutient-il. Ce dernier mentionne qu’il n’aura d’autre choix que de refiler la facture aux clients.

Retard à prévoir en raison de la faible luminosité

Le mois de janvier n’a enregistré que 10 jours d’ensoleillement cette année. Les récoltes maraîchères en serres pourraient donc être retardées d’une semaine, croit le producteur ornemental Hervé Barjol, qui fait ­également pousser de la laitue dans ses serres. « Vu que je n’ai pas d’éclairage, je suis obligé de baisser la ­température et ça ne pousse pas vite », dit-il. 


Le prix du gaz naturel quadruple en deux ans

En février 2021, le prix de référence du gaz naturel chez Énergir se situait à 9,8 ¢/m³. Un an plus tard, il avait presque doublé pour atteindre 17,5 ¢/m³, puis il a doublé de nouveau par la suite pour atteindre 35,3 ¢/m³ en juin 2022. Plusieurs facteurs ont influencé le prix de la molécule de gaz depuis un an, indique la porte-parole d’Énergir, Elaine Arsenault. La guerre en Ukraine et les importantes variations de température estivale aux États-Unis et au Canada ont fait diminuer les stocks d’entreposage à des niveaux « historiquement bas » l’été et l’automne dernier.

« L’inquiétude des marchés avec la guerre en Ukraine, dans un contexte de forte consommation, a alimenté une hausse des prix du gaz naturel jusqu’à la fin septembre 2022, mais avec les températures un peu plus chaudes d’octobre à février, il y a eu une baisse importante de la consommation américaine du gaz naturel, ce qui permet un [accroissement des stocks] entreposés près des moyennes historiques et une diminution du prix », dit-elle. Entre juillet et août 2022, le prix du gaz naturel a fluctué entre 28,8 et 34,7 ¢/m³, mais il a décru à 19,9 ¢/m³ le 1er février dernier.

Mme Arsenault précise toutefois qu’Énergir, contrairement aux fournisseurs indépendants, n’enregistre pas de profits sur le prix de la molécule de gaz, puisque ce dernier est normé par la Régie de l’énergie. « On le vend au prix coûtant », affirme-t-elle. La Régie a toutefois approuvé une hausse tarifaire d’environ 6 % sur le transport du gaz naturel récemment.

Le prix devrait poursuivre sa descente

Les mois de janvier et de février sont habituellement les mois les plus critiques en matière de consommation de gaz naturel puisque ce sont les mois les plus froids de l’année. Selon Énergir, la douceur de l’hiver 2023 a permis d’atteindre des niveaux d’entreposage du gaz naturel au-dessus du niveau habituel, ce qui pourrait accentuer davantage, dans les prochains mois, la diminution du prix du gaz naturel observée en février.