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Arroser ou ne pas arroser, là est la question. Mais pour savoir quand et comment irriguer efficacement, encore faut-il disposer de données précises.
La solution pourrait venir en grande partie de l’automatisation, souligne un chercheur de l’Université Laval qui mène des travaux afin de déterminer les conditions optimales à l’irrigation en pépinière. Si importante soit-elle, l’irrigation n’est pas toujours efficace quand on sait qu’une très large proportion de producteurs se fient encore à leur jugement ou à des repères visuels avant d’arroser. C’est sans compter qu’avec un système d’irrigation par gicleurs, de 30 à 80 % de l’eau est perdue à chaque arrosage, selon l’espacement des plants.
Pour une gestion optimale
« En général, les producteurs préfèrent arroser plus que pas assez pour éviter un stress hydrique, observe Charles Goulet, professeur et chercheur en phytologie à l’Université Laval. Cependant, cette façon de procéder a ses limites. Avec les changements climatiques, les épisodes de sécheresse sont plus nombreux qu’avant et une gestion efficace de l’eau devient plus pertinente que jamais. Perdre une année de production à cause d’un manque d’eau n’est pas du tout souhaitable pour l’industrie. »
Dans le cadre d’un projet de recherche sur l’irrigation de précision en pépinière, Charles Goulet et son équipe ont effectué l’été dernier des tests pour déterminer les paramètres qui assurent une utilisation optimale de l’eau tout en permettant une croissance normale de la plante.
Ils ont d’abord établi un seuil optimal pour l’irrigation avec l’aide d’un tensiomètre sans fil. Lorsque ce seuil était atteint, l’appareil de mesure envoyait un signal par onde cellulaire qui déclenchait automatiquement l’irrigation jusqu’au début du lessivage.
Quelle amplitude donner?
« Ensuite, on s’est demandé s’il était préférable de continuer à arroser de façon standard, c’est-à-dire d’irriguer un substrat sec jusqu’à ce qu’il soit très mouillé, ou d’arroser moins, mais plus régulièrement », poursuit-il.
L’équipe du professeur Goulet a donc mesuré les effets de trois amplitudes d’arrosage en fonction de la tension matricielle du sol (sec à mouillé [-6 kpa à 0,5 kpa], sec à humide [-6 kpa à -3 kpa] ou constamment humide [-2 kpa à -3 kpa]) avec un système d’irrigation par microgicleurs alimentant des plants d’astilbe, de spirée et de physocarpe.
Des économies d’eau substantielles
À la fin de l’année, les résultats ont permis de constater que peu importe l’amplitude, les plants avaient connu une croissance comparable, ce qui donne à penser qu’une partie de l’eau employée lors de l’arrosage plus abondant se perdait par lessivage ou par évapotranspiration.
« Pour une croissance comparable, une faible amplitude permet d’économiser 50 % de la consommation d’eau avec un système d’irrigation de type microgicleurs. Donc, tous ceux qui ont un système de goutte à goutte pourraient dès maintenant diminuer l’amplitude de l’irrigation pour sauver la ressource », fait valoir Charles Goulet.
Par ailleurs, des tests similaires ont été menés avec des gicleurs standards sur des calamagrostides et des hydrangées en association. Toutefois, il a été impossible d’obtenir les mêmes résultats, notamment parce que tous les pots ne recevaient pas la même quantité d’eau en raison de pertes par dérive ou par évaporation, signale le chercheur.
Voie d’avenir
Chose certaine, un système d’irrigation en goutte à goutte ou avec pics d’alimentation combiné à l’automatisation est à envisager si le producteur souhaite réaliser des économies d’eau. Évidemment, la pertinence d’adopter ce type de système varie d’un producteur à l’autre. Pour limiter les coûts reliés à l’achat de tensiomètres sans fil, Charles Goulet suggère le regroupement de plantes ayant des besoins similaires autour d’un seul appareil de mesure, d’où l’intérêt de comprendre quelles sont les meilleures associations possible.
Dans les prochaines années, le chercheur entend concentrer ses efforts sur l’automatisation de l’irrigation en prenant l’ensemble des facteurs météorologiques. « À mesure que le manque d’eau deviendra plus problématique, l’irrigation de précision occupera une place plus importante dans l’industrie. »
David Riendeau, collaboration spéciale