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La récolte de canneberges a atteint un sommet en 2022 au Québec. Frôlant les 337 millions de livres, elle surpasse les volumes records de 2016, qui s’élevaient à 276 millions de livres.
« C’est une année spectaculaire », résume avec satisfaction le président de l’Association des producteurs de canneberges du Québec, Vincent Godin. Celui dont les fermes se situent notamment à Manseau, à Villeroy et à Saint-Louis-de-Blandford, dans le Centre-du-Québec, rappelle que les stocks, avant cette récolte, étaient plutôt bas dans les entrepôts à l’échelle nord-américaine, à la suite de quelques saisons médiocres ces dernières années. Or, en 2022, les volumes récoltés au Québec ont été de 53 % supérieurs à ceux de 2021. Les rendements ont frôlé les 30 000 livres/acre, alors que la moyenne à long terme tourne plutôt autour des 26 000 livres/acre. « On a eu des fermes qui ont eu en haut de 40 000 livres de moyenne à l’acre. On a eu des rendements jamais atteints. […] Avec cette grosse année, on devrait remonter les niveaux d’inventaires à des niveaux plus normaux », estime-t-il.
Le président du transformateur Fruit d’Or, Martin Le Moine, qui entrevoyait, en octobre, une saison « légèrement au-delà de la moyenne », fait finalement état, lui aussi, d’un approvisionnement exceptionnel et d’une belle qualité des fruits. « C’est une année record en termes de quantité de fruits reçus dans nos usines. Les rendements ont été très bons, sauf dans le bio, où ç’a été un peu plus décevant », nuance-t-il.
Selon lui, cette saison d’abondance s’explique par des conditions climatiques avantageuses à l’automne 2021, au moment de la formation des boutons à fruits, puis par un hiver sans gel majeur et des champs bien protégés. « Il n’y a pas eu de gros épisode de grêle ou de gel printanier extrême. Les champs ont produit à leur plein potentiel. Tous les astres étaient alignés. Tout était là pour que ça marche », précise M. Le Moine, qui ajoute qu’à l’automne 2022, les fruits ont bien grossi. « Quand le nombre de fruits est bon et que les fruits sont lourds en plus, comme c’est le cas cette année, ça donne plus de rendements », fait-il remarquer.
Les superficies bio diminuent encore
Alors que les superficies totales cultivées au Québec ont crû de 10 777 acres en 2021 à 11 471 acres en 2022, celles sous régie biologique continuent de diminuer. Le recul des deux dernières années se chiffre maintenant à 1 026 acres.
Plus de 58,7 millions de livres de canneberges bio ont été récoltées, soit 6,3 millions de plus que l’an dernier, pour un rendement moyen d’environ 18 000 livres/acre. En 2016, le rendement s’était plutôt élevé à 23 000 livres/acre. « Ce n’est pas une mauvaise année dans le bio à l’échelle de la province. Soixante millions de livres, ce n’est pas une catastrophe. Par contre, on remarque que c’est de plus en plus difficile de produire dans le bio, à cause des fertilisants différents et de la pression de plus en plus intense des ravageurs », explique Vincent Godin.
Les canneberges biologiques, ajoute-t-il, se sont déjà vendues de trois à quatre fois plus cher que celles sous régie conventionnelle, alors qu’aujourd’hui, elles se vendent à des prix à peine 40 % plus élevés. Pour toutes ces raisons, beaucoup de joueurs ont converti du bio en conventionnel.
Martin Le Moine, qui exporte ces petits fruits aux États-Unis et en Europe, explique de son côté que la production de canneberges biologiques au Québec a connu une telle croissance de 2016 à 2020 que le marché peine aujourd’hui à tout absorber.
« En plus, on vit en ce moment une période d’inflation. Les consommateurs ont moins d’argent; ils font des choix. On voit, par exemple, que la demande en Europe pour les produits biologiques est en baisse », exprime-t-il, soulignant en revanche que ce phénomène pourrait être temporaire. « On pense que le marché du bio va reprendre le chemin de la croissance éventuellement, mais il doit y avoir un ajustement. Je pense qu’il y aura encore moins d’acres l’an prochain, mais qu’après, ça va repartir », avance-t-il.