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Le producteur Billy Beaudry regarde avec désolation certains de ses champs de maïs situés à Saint-Valérien-de-Milton, en Montérégie. Les nombreuses tiges de maïs cassées par les fortes rafales sont couchées au sol, ce qui en complique la récolte. Il attend d’une journée à l’autre un équipement spécialisé provenant des États-Unis qu’il a commandé afin de relever le maïs.
« C’est une dépense dont on n’avait pas besoin. On n’a pas le choix, autrement on n’en viendra pas à bout. On a 800 ha de maïs à battre et seulement 10 % de fait. Ça n’a pas de bon sens », se désole le producteur de grandes cultures.
Il raconte avoir récolté le champ d’un client tout juste avant la bordée de neige et les épis au sol l’obligeaient à diminuer la vitesse d’avancement de sa moissonneuse-batteuse de moitié. « On a commencé à 2 heures du matin et on a fini à midi pour faire seulement 200 tonnes. Normalement, on a un rythme de 800 tonnes par jour », explique-t-il. Ce genre de récolte au ralenti lui coûte plus cher en carburant et en main-d’œuvre.
La température froide est également plus propice aux bris. Il précise que les dommages causés aux tiges par le vent lui feront perdre environ 15 % de rendement, tandis que la gelée hâtive lui fera engloutir un autre 15 %.
Billy Beaudry s’interroge sur la suite des opérations avec toute cette neige. « Il va falloir qu’elle fonde complètement si on veut aller chercher les épis au sol. Si on attend la pluie, ça voudra dire qu’on sera dans la boue. Un autre dilemme! » affirme-t-il.
En ce qui concerne son soya, il en a terminé la récolte juste avant la neige, avec un rendement de 3 à 3,2 t/ha, comparativement à 4 t/ha l’an passé.
Une année qui s’annonce moins rentable pour le maïs La rentabilité des cultures de maïs devrait connaître une baisse cette année en raison des rendements plus faibles que la normale, une qualité de grains moindre et des frais de séchage plus élevés, anticipe Ramzy Yelda, analyste principal des marchés chez les Producteurs de grains du Québec. « Ça risque d’être difficile pour les producteurs, juge-t-il. On voit de tout comme qualité, du grade 2 jusqu’au 5. On entend même des histoires d’horreur : du maïs classé échantillon et du grain récolté à plus de 35 % d’humidité. » Il souligne qu’une diminution de rendement de 10 % peut entraîner une perte de 22 $ la tonne pour le producteur. Concernant les frais de séchage, un centre de grains expliquait à La Terre qu’une tonne de maïs à 30 % d’humidité engendre des coûts de séchage de 27 $ pour le producteur et pèse 804 kg une fois sec, contrairement à la même quantité à 22 % d’humidité qui entraîne des coûts de séchage de 22 $ et pèse 887 kg une fois sec. Quand on additionne la perte de rendement de 10 % et l’augmentation des frais de séchage de 5 $ la tonne, le producteur voit son profit diminuer de 27 $ la tonne, ce qui n’est pas rien. Que feront les acheteurs? Les acheteurs de maïs basent habituellement leur prix sur un grade 2 et enlèvent quelques dollars la tonne pour les grades de moins bonne qualité. Après avoir contacté quelques acheteurs, Ramzy Yelda témoigne d’une baisse de prix moyen de 2,50 $ la tonne pour un maïs de grade 3 et de 10 $ la tonne pour un autre de grade 4. Les acheteurs ajusteront cependant leur prix en fonction du bilan final de la récolte, tant en qualité qu’en quantité. La récolte américaine, qui ne fracassera pas de record, influencera aussi le prix. |
Plus de détails et autres textes dans l’édition papier de La Terre publiée le 20 novembre.
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