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Le technologue Christian Arsenault accompagne plusieurs producteurs au Centre-du-Québec, et la situation des cultures ne lui paraît pas idéale dans la région. « Les journées fraîches et la pluie de juin et de juillet n’ont pas permis de rattraper le retard des semis. Le soya semble se développer plus adéquatement que le maïs, mais dans les deux cas, on ne pétera pas des scores cette année », prévoit le copropriétaire de l’Agrocentre Vinisol.
« S’il faut que la gelée arrive tôt cet automne, ça va être la gale », certifie M. Arsenault, lui-même producteur agricole. Les champs en bonne condition s’en sortent mieux, mais les plantes situées dans des secteurs compactés et mal égouttés souffrent particulièrement cette année, remarque-t-il.
Santé des sols
La région de Saint-Hyacinthe comprend aussi son lot de cultures au faible potentiel de rendement. « Il y a des champs où on a l’impression de voir des vagues comme en pleine mer avec du maïs plus haut et plus bas. L’inverse est aussi vrai : je vois des champs uniformes où il n’y a rien de décourageant. La preuve, encore une fois, que ça paye d’investir dans la santé du sol », rappelle l’agronome Benoit Côté, de La Coop Comax.
Benoit Côté et Christian Arsenault signalent tous deux des carences en fertilisation. Si celles-ci n’affectent pas les cultures présentement, soulignent-ils, elles les affecteront bientôt. En effet, les précipitations abondantes ont empêché les cultures de déployer leur système racinaire, diminuant leur capacité à prélever les éléments nutritifs du sol.
Aussi, les précipitations ont entraîné une dénitrification particulièrement élevée cette année. « Des producteurs appellent pour savoir ce qu’ils pourraient appliquer pour booster leur maïs ou leur soya. Mais je déconseille l’ajout de quoi que ce soit, surtout à ceux dont les plantes ont les pieds dans l’eau ou sont dans une terre compactée et sans oxygène. Dans ces situations, les producteurs ont rarement un retour sur leur investissement avec l’ajout de produits », indique M. Côté.
Sécheresse à Rimouski… Le météorologue André Monette fait remarquer qu’une énorme disparité climatique prévaut actuellement au Québec. Pendant que le sud-ouest de la province se plaint de l’excès d’eau et du manque de chaleur, le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie surchauffent. « Du 1er juin au 28 juillet, la région de Rimouski a reçu deux fois moins d’eau qu’à l’habitude, soit un total de 65 mm de pluie comparativement à la normale de 170 mm. Et fait inusité, le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie sont les seules régions avec l’Estrie à avoir connu des températures au-dessus des normales de saison en juillet. La Gaspésie a même enregistré trois journées de plus de 30 ⁰C, et Montréal, aucune », dépeint M. Monette. Ce manque d’eau inquiète des producteurs. À Rimouski, le maraîcher Donald Dubé estime que la situation est « limite » pour l’agriculture entre Trois-Pistoles et Matane. « C’est extrêmement sec. Ici, je suis chanceux parce que j’ai mis en place un bon système d’irrigation pour mes légumes, mais chez certains de mes voisins, c’est triste à voir. Il y a des champs où l’avoine ne fait pas plus que 20 cm de hauteur. Idem pour des champs de pommes de terre où les plants sont de petite taille, évalue le copropriétaire de la Ferme du Vert Mouton. « Si la sécheresse perdure, nous n’arriverons pas à maintenir le rythme et à assurer les rendements nécessaires pour répondre à la demande de notre clientèle », résume M. Dubé. Partout au Québec, les producteurs éprouvent des difficultés. Christian Dionne, de la Visitation-de-Yamaska, dans le Centre-du-Québec en arrache lui-aussi. « Au Centre-du-Québec aussi ça fait dur en maudit les champs… », a-t-il confié à La Terre.
Tout n’est cependant pas noir partout. À Saint-Bernard-de-Lacolle en Montérégie, Christian Kaiser note de très beaux champs de maïs comme celui-ci. Il évalue que 30 % de champs où les surplus d’eau affecteront négativement ses rendements. |