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Vous n’êtes pas sans savoir que les producteurs de porcs du Québec ont vécu une situation hors du commun au cours des derniers mois. La grève qui a eu lieu à Vallée-Jonction n’a pas affecté qu’Olymel et leurs employés. Les producteurs de porcs ont fait grandement les frais de ce conflit sur lequel ils n’ont eu aucun pouvoir.
Bien que la grève soit réglée, la situation n’est pas près de se résorber dans nos fermes porcines. En effet, avec plus de 144 000 porcs en attente, ce n’est pas demain la veille que nous n’aurons plus de porcs en attente dans nos bâtiments. Nous ne prévoyons pas de retour à la normale avant la fin du premier trimestre de 2022.
Depuis mars 2020, début de la pandémie de COVID-19, les producteurs sont victimes des aléas des usines de transformation comme aucun autre secteur de l’agroalimentaire. En effet, si tous les autres secteurs ont bénéficié de l’achat local, des messages du premier ministre et du soutien de la population, le secteur porcin, lui, a écopé avec des baisses de capacités d’abattage dues aux mesures sanitaires. Nous avons été résilients. Grâce entre autres à l’implication du ministre de l’Agriculture dans le dossier et de tous les acteurs de la filière porcine du Québec, nous avons évité des fermetures d’usine de transformation de façon prolongée. Preuve que quand tout le monde s’y met, on arrive à de grandes choses.
La différence avec cette grève, c’est que la volonté politique de régler ne semblait pas au rendez-vous. Le ministre du Travail a fait des choses, mais n’a rien imposé pour que les agriculteurs arrêtent d’être obligés d’entasser les animaux dans des conditions devenues indignes des efforts que les éleveurs font depuis des années en matière de bien-être animal … Et je ne parle même pas ici de la détresse psychologique que cela occasionne aux éleveurs.
Si au plus fort de la première vague de COVID-19, le gouvernement et tout le monde ont reconnu le caractère essentiel du secteur agroalimentaire, puis qu’on a tout fait pour éviter les fermetures d’usine de transformation, pourquoi quand c’est un conflit de travail, on ne fait rien pour empêcher de fermer une usine aussi importante qui transforme au-delà de 35 000 porcs par semaine dont dépendent les éleveurs pour vous nourrir? Des moyens existent au Québec pour limiter le droit de débrayage des secteurs essentiels. Des lois spéciales sont régulièrement mises en place pour forcer le retour en activité de ces secteurs essentiels. Alors pourquoi pas dans le cas présent?
Le plus choquant dans cette crise a été le silence ASSOURDISSANT du ministre de l’Agriculture qui, dans le cadre de ce conflit, n’a pas levé le petit doigt. On ne l’a pas vu ni entendu sur aucune tribune pour prendre la défense des éleveurs dans ce dossier. Quel message ça envoie aux éleveurs, à notre relève dont je fais partie? L’avenir, ça va être ça? Crise sur crise? On va nous laisser à nous-mêmes sans aucune loi ou règlement ni implication de notre ministère pour nous protéger des abus de droits de grève? Après Vallée-Jonction, ça va être quoi? Saint-Esprit? Princeville? Ange Gardien? Yamachiche? M. Lamontagne, mon ministre de l’Agriculture, va-t-il finir par sortir?
Par-dessus le marché, quand je finis par réussir à sortir un voyage de porcs dans un autre abattoir, ce dernier est intercepté par des activistes véganes à Saint-Esprit pendant 20 minutes à 35 °C. J’ai perdu par leur faute un porc que j’avais réussi à rendre au bout. Encore là, rien de la part des autorités qui laissent agir impunément ces activistes et toute leur ignorance qui occasionnent des souffrances inutiles aux animaux qu’on n’aurait jamais osé faire…
Quand je regarde ce qui se passe dans mon Québec actuellement, j’ai mal à ma relève. Comment peut-on être en train de laisser tomber une industrie qui amène près de 4 milliards de dollars en retombés économiques dont 70 % proviennent de l’exportation qui est donc une rentrée d’argent nette dans la province qui vient d’ailleurs! Si on est prêts à laisser tomber ça, comment peut-on espérer un avenir pour notre relève de producteurs porcins? Il n’y en a déjà plus beaucoup. Peut-on lui faire attention et lui donner confiance en l’avenir s’il vous plaît ?
Mathieu Pilote, relève agricole porcine à La Malbaie