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Depuis février, tous les travailleurs étrangers temporaires (TET) ont l’obligation de s’autoadministrer un test de dépistage de la COVID-19 au dixième jour quarantaine, et ce, sous la supervision d’une infirmière en visioconférence. Un producteur laitier, David Hossay, raconte que l’un de ses travailleurs a dû patienter 13 heures sur deux jours avant de joindre une ressource, notamment en raison de problèmes de connexion.
« Il s’est connecté sur la plateforme dès 10 h le matin, le 16 mars, et est resté dans la salle d’attente virtuelle jusqu’à 6 h le soir. Il n’a jamais réussi à parler à une infirmière », témoigne cet agriculteur d’Albanel, au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Ce dernier a été en constante communication avec son TET toute la journée, sans toutefois pouvoir rester à ses côtés en raison des règles d’isolement.
Le lendemain, dès 6 h, le travailleur s’est connecté de nouveau sur le portail de Switch Health, l’entreprise mandatée par Ottawa pour l’administration de tests. Par deux fois, il est parvenu à prendre contact avec une infirmière pendant quelques minutes, puis a perdu la connexion. Ce n’est que vers 11 h, lorsqu’il a réussi à joindre une troisième infirmière, qu’il a finalement pu procéder au dépistage.
« Ce n’est pas normal que ce soit aussi long […] On avait peur de ne pas avoir le résultat avant le 14e jour », soutient M. Hossay, qui insiste sur le fait que les producteurs ont besoin de leurs travailleurs rapidement après la quarantaine. Rappelons qu’après avoir reçu deux résultats négatifs au préalable, avant et après leur vol, tous les TET doivent obligatoirement en obtenir un troisième à la fin de la période d’isolement de deux semaines, sans quoi ils ne peuvent commencer le travail à la ferme.
Pas le seul à avoir des problèmes
Contacté par La Terre, le directeur général de la Fondation des entreprises en recrutement de main-d’œuvre agricole étrangère (FERME), Fernando Borja, confirme avoir eu vent de nombreux cas semblables. « Je dirais qu’en moyenne, on parle de trois heures d’attente, soutient-il. Parfois, ils attendent 3 ou 4 heures et se tannent, puis ils recommencent le lendemain. »
Le président de l’Union des producteurs agricoles Marcel Groleau souligne de son côté que le système en place n’a pas été pensé en fonction de la réalité des travailleurs étrangers. « La majorité d’entre eux ne parlent ni français ni anglais et il n’y a pas de service en espagnol. En plus, plusieurs régions ont des problèmes de connexion internet. Ça ne marche pas », plaide celui qui exige des solutions de rechange en attendant que la logistique soit peaufinée.
Pistes de solutions envisagées
Lors d’un point de presse, le 16 mars, la ministre fédérale de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, a assuré que son gouvernement envisage des solutions à mettre en place avant l’arrivée massive des travailleurs dans les fermes maraîchères ce printemps. Elle a notamment avancé que des vidéos en espagnol pourraient être tournées et que les TET pourraient être autorisés à procéder au dépistage en groupe. Switch Health indique pour sa part que les options du téléphone pour joindre une infirmière avec l’aide d’un traducteur, ou de l’envoi d’une ressource sur place étaient à l’étude. On assure par ailleurs que le nombre d’infirmières présentes en ligne est appelé à croître.