Actualités 26 septembre 2014

Coopérative de solidarité de Saint-Antoine-sur-Richelieu

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Dans la magnifique municipalité de Saint-Antoine-sur-Richelieu, en bordure de la rivière Richelieu, la population de 1 800 habitants a relevé ses manches en 2009 pour former une coopérative de solidarité. L’année précédente, les propriétaires du seul et unique dépanneur de la localité avaient fermé boutique. L’épicier le plus près se trouve alors à une quinzaine de minutes du village.

Pour éviter que la municipalité devienne un simple village-dortoir, un groupe de citoyens lance l’idée d’ouvrir un magasin général. Rapidement, des bénévoles organisent une assemblée citoyenne. Ce soir-là, 150 personnes se réunissent pour évaluer les différentes possibilités, dont celle de former une coopérative. De cette soirée naîtra l’ambitieux projet de coopérative de solidarité. « Il fallait acheter l’édifice et le transformer. On voulait ouvrir un café-bistro afin de créer un lieu de rencontre et offrir en plus des commodités de base, des produits locaux et du terroir », relate un des pionniers de la coopérative et l’actuel secrétaire, Pierre-Paul Gareau.

La Coopérative de solidarité le Magasin général de Saint-Antoine-sur-Richelieu voit officiellement le jour en mars 2010. La population adhère au projet, et plus de 300 familles et individus deviennent membres de la coop. « On estime que de 85 à 90 % des membres sont des résidants de Saint-Antoine. Les 10 % restants se composent de membres qui soutiennent simplement notre initiative », décrit Pierre-Paul Gareau.

Chaque part sociale vaut 200 $, et un premier montant de 70 000 $ est amassé. En plus de l’effort financier fourni par ses membres, la coopérative présente son plan d’affaires et obtient de l’aide financière du CLD de La Vallée-du-Richelieu, du Mouvement Desjardins, d’Investissement Québec et du Réseau d’investissement social du Québec.

En novembre 2010, le Magasin général reçoit ses premiers clients. À l’intérieur, tout a été refait. « Nous avons pu compter sur le travail et le savoir-faire de bénévoles », mentionne Pierre-Paul Gareau. Dont l’expertise d’un menuisier pour concevoir le comptoir-caisse, un immense comptoir de bois qui rappelle dès le premier coup d’œil l’ambiance chaleureuse des magasins généraux d’antan.

Mais l’argent nécessaire aux rénovations et à la mise en route du magasin vient rapidement à manquer. Les bénévoles s’activent et organisent des événements pour collecter des fonds, comme des encans et une activité vins et fromages au Château Saint-Antoine.

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Au départ, un conseil d’administration élargi, comptant 13 membres, voit à la mise en œuvre du projet. Aujourd’hui, il est composé de neuf membres. Les dévoués membres du conseil se rencontrent en moyenne deux ou trois fois par semaine, soit près de 50 heures par mois. La survie du magasin général repose ainsi en grande partie sur le travail de bénévoles.

« Le magasin emploie quatre salariés, soit un à temps plein et trois autres à temps partiel. On compte aussi sur des bénévoles, dont le nombre d’heures est équivalent à celui des employés salariés à temps partiel », décrit Paulo Rosonina, gérant du magasin général. Celui-ci mentionne fièrement que le Magasin général est ouvert en tout temps, même lors de jours fériés, périodes où il réalise de bonnes affaires.

Les défis à relever
Mais la partie n’est toujours pas gagnée. Le nerf de la guerre demeure les liquidités. Et les longs mois d’hiver mettent de nouveau à rude épreuve les membres de la coopérative. « Nos créanciers font preuve de patience. Malgré cela, cet hiver sera décisif quant à la survie du Magasin général », affirme Pierre-Paul Gareau.

Le gérant Paulo Rosonina multiplie les initiatives afin d’attirer la clientèle : comptoir de fruits et légumes, viandes d’éleveurs locaux comme Les produits d’Antoine, etc. « Si tout va bien, cet été, on deviendra entre autres un arrêt officiel pour cyclistes. On aura l’équipement nécessaire pour les réparations de crevaisons », donne-t-il en exemple. On mise notamment sur l’ouverture du café-bistro pour attirer davantage de clients.

En attendant, Paulo Rosonina gère le plus efficacement possible les approvisionnements. « On achète certains produits à l’unité. Il faut les avoir sur les tablettes, mais on ne peut pas les acheter en grande quantité. Il faut aussi suivre les saisons et les événements spéciaux. À l’approche des fêtes, il faut absolument avoir les ingrédients pour confectionner des tartes. Cependant, il ne faut pas avoir de surplus », décrit-il.

La Coopérative de solidarité le Magasin général de Saint-Antoine-sur-Richelieu est à la croisée des chemins. « Notre avenir est incertain, mais on y croit beaucoup et on y met tous les efforts nécessaires pour passer au travers de cette période difficile », conclut avec espoir Pierre-Paul Gareau.