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À lire également : « Connaître la densité d’un pâturage (partie 1) »
L’informatisation des pâturages
Un modèle d’herbomètre à 700 $ comprend un écran où le producteur peut lire et utiliser les résultats directement au champ. Pour ceux qui désirent approfondir l’analyse de leurs pâturages, il est possible de transférer les données de l’herbomètre à l’ordinateur, pour ensuite élaborer des scénarios prévisionnels très intéressants avec un logiciel.
« Le projet servira aussi à créer la courbe de croissance des pâturages, basée sur trois années de prélèvements. Cet historique servira à calibrer l’herbomètre et sera inclus dans un logiciel que l’éleveur pourra employer à sa ferme afin de prévoir le rythme de croissance de ses plantes fourragères », explique M. Labelle.
Par exemple, début août, l’herbomètre informe le producteur que ses pâturages contiennent en moyenne deux tonnes de matière sèche à l’hectare. En fonction de la consommation quotidiennement du troupeau et de l’historique de la croissance normale des pâturages à cette date de l’année, le logiciel indique que si la tendance se maintient, il lui reste, par exemple, 16 jours de pâturage. Or, à ce moment de l’année, les plantes exigent 28 jours avant d’atteindre à nouveau une hauteur suffisante à la paissance. Techniquement, le producteur pourrait manquer d’herbe. Le logiciel permettra alors de mesurer les effets de différentes décisions (réduire le nombre de bêtes, augmenter leur dose de grains, d’ensilage et de suppléments, etc.).
De la même façon, l’informatique aura son utilité en période de surproduction des plantes fourragères, générant des scénarios sur la superficie qui devrait être récoltée mécaniquement, etc. « Combiné aux données de l’herbomètre, ce type de logiciel nous permettra d’optimiser l’utilisation des plantes fourragères. Nous aurons également l’opportunité de comparer la performance des champs et celle des cultivars entre eux. Un aspect difficile pour l’instant, mais important à l’amélioration de leur productivité. Évidemment, les éleveurs moins à l’aise avec l’informatique pourront laisser cette tâche à leur conseiller », assure François Labelle.
Nouveau : un observatoire des pâturages
Les 15 producteurs auront du pain sur la planche durant la troisième année du projet! En effet, ils devront mesurer chaque semaine la densité de leur champ avec l’herbomètre et envoyer les résultats au responsable du projet. L’enjeu? Un observatoire des fourrages, où les données provenant des 15 agriculteurs seront affichées sur un site Internet accessible à tous les éleveurs du Québec ou envoyées par courriel sous forme d’infolettre.
« Nous avons choisi les 15 producteurs selon des zones météorologiques distinctes. Par exemple, M. Fleurant demeure dans un secteur plus froid et humide du Centre-du-Québec. Les agriculteurs présents dans sa zone microclimatique pourront se baser sur ses données afin d’évaluer la croissance des plantes dans leurs propres pâturages », annonce M. Labelle. Car techniquement, si un pic de croissance ou une sécheresse survient chez M. Fleurant, il en sera de même chez ses voisins. L’observatoire entend donc offrir une information stratégique aux producteurs environnants, sans qu’ils aient à collecter eux-mêmes les données.
François Labelle promet que les niveaux de matières sèches hebdomadaires seront également accompagnés de conseils pertinents à la situation. L’observatoire des fourrages entrera en service en 2014 et sera reconduit les années suivantes si les producteurs le désirent… et s’il y a une source de financement.
Pour des baisses de coûts et de meilleurs fromages!
Calibrer l’herbomètre durant trois ans, développer l’utilisation d’un logiciel, implanter l’observatoire des fourrages, voilà un projet qui représente des frais et beaucoup de temps. Si le MAPAQ et Valacta y investissent, c’est qu’ils croient aux bénéfices, comme en témoigne Alain Fournier, agronome et chargé du projet au Ministère.
« Nous savons qu’il est plus avantageux pour les éleveurs de vaches laitières, de bovins de boucherie, de moutons ou de chèvres d’alimenter leurs animaux le plus longtemps possible au pâturage. Le MAPAQ soutient donc ce projet pour aider les producteurs à améliorer leur rentabilité, mais ces fonds publics serviront aussi la population car l’utilisation des pâturages diminue la diffusion de fumiers vers les eaux de surface et souterraines. Cette meilleure gestion des fumiers et de l’ammoniaque décroît également la production de smog et de gaz à effet de serre causée par les activités agricoles; des éléments importants aux yeux du gouvernement. »
De surcroît, le MAPAQ tient compte des avantages pour la filière agroalimentaire d’employer une matière première de plus grande valeur. « Du lait produit par des animaux alimentés aux pâturages contient moins de gras saturés et plus de gras polyinsaturés. De plus, il présente un goût et des saveurs rehaussés, qui permettent de différencier les fromages », conclut-il.