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Pour son projet de retraite, à 60 ans, Christian St-Jacques a décidé d’adresser un clin d’œil au passé, en concrétisant un vieux rêve dans un endroit riche en souvenirs familiaux : une colonne de vapeur s’échappant du toit de la cabane, des discussions animées de la parenté autour de la bouilleuse, des enfants s’amusant dehors à lécher des palettes de tire d’érable…
« Dans mes souvenirs, j’avais six ou sept ans et au mois de mars après l’école, ma mère m’emmenait à la cabane voir mon père faire bouillir l’eau d’érable avec mon grand-père Gérard. J’en ai passé, des printemps là-bas avec ma famille, mes oncles, mes cousins », se rappelle celui qui est bien connu dans le milieu agricole pour son militantisme durant près de quatre décennies à la Fédération de l’UPA de la Montérégie, dont huit ans à la présidence.
C’est sur le versant sud du mont Yamaska, à Saint-Paul-d’Abbotsford, que son arrière-grand-père Rose-Alphée Poirier a entaillé ses premiers érables dans les années 1940. C’est ensuite son gendre Gérard St-Jacques qui a pris la relève avant de vendre le lot à sa sœur Marie-Paule St-Jacques dans les années 1970.
« Au décès de mon oncle il y a une vingtaine d’années, ma tante Marie-Paule a décidé d’arrêter tout ça. Moi, j’ai grandi là-dedans et je me disais tout le temps que pour ma retraite, j’aimerais ça avoir ma propre cabane. La chance s’est présentée il y a quatre ans quand ma tante m’a offert d’acheter l’érablière pour que ça reste dans la famille. »
La transaction s’est finalement concrétisée en décembre 2019, deux ans avant que les Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ) ne procèdent à une émission de sept millions d’entailles pour laquelle Christian St-Jacques a évidemment déposé une demande.
Une histoire de famille
Même si l’érablière familiale était en dormance depuis plus de 20 ans, l’ancien président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie se faisait la main chaque printemps en aidant son père Normand qui avait construit sa propre cabane en 1997 en achetant un lot voisin de sa sœur.
Producteur porcin et de grandes cultures, Christian St-Jacques s’est lancé dans ce nouveau projet avec la ferme intention d’y réussir comme dans ses autres entreprises. « J’opère encore mes porcheries, mais je loue mes terres à un de mes cousins », souligne-t-il. Depuis le début de l’été, l’acériculteur partage dorénavant son temps entre ses trois porcheries à Saint-Pie et le chantier de sa future érablière de 35 acres (14 hectares) à Saint-Paul-d’Abbotsford.
Seule trace encore visible du passage de ses aïeux, une minuscule cabane en ruines construite par son grand-père Gérard se dresse encore tant bien que mal dans l’érablière. C’est donc dans une toute nouvelle bâtisse de 32 pieds sur 68 pieds que Christian St-Jacques commencera sa première « vraie » saison des sucres au printemps 2023.
« On débutera avec 3 500 entailles, mais mes installations me permettront de doubler ma production quand l’occasion se présentera », indique-t-il.
L’érablière étant inexploitée depuis plus de 25 ans, un bon ménage a dû être entrepris sur le terrain pour couper le bois mort et laisser toute la place aux érables sains. « Les deux dernières années, j’avais déjà installé 1 500 entailles que je faisais bouillir dans les installations de mon père. Cet automne, j’en installe 2 000 autres et je rapatrie mes autres qui vont être redirigées vers ma cabane », explique Christian St-Jacques, qui commercialise son sirop et ses produits transformés sous l’étiquette Érablière St-Jacques.
La 5e génération en route
« Ça va déjà très bien de ce côté, même que je ne fournis pas. Je vends du sirop, mais aussi du beurre d’érable et du sucre granulé qui est mon plus gros vendeur », lance-t-il. Tout l’aspect marketing de la vente au détail est assuré par sa conjointe Mélanie Lagacé, une professionnelle du monde des communications agroalimentaires, également très impliquée dans le projet familial.
L’évolution de la construction de la cabane à sucre fait régulièrement l’objet de publications sur la page Facebook de l’entreprise (Érablière St-Jacques) et en prévision de la première saison en 2023, un site Web sera probablement mis en ligne pour faire la promotion des produits de la maison, indique l’acériculteur.
Ses deux fils, Pascal (31 ans) et Gabriel (29 ans), font également partie de ce projet à la fois familial et entrepreneurial. « Les deux aiment ça, mais mon plus vieux qui reste à Québec a plus de temps au printemps pour venir donner un coup de main. Ça fait deux ans qu’il vient faire les sucres, avec moi et mon père, et il est vraiment bon là-dedans », conclut Christian St-Jacques, visiblement heureux de voir des membres de la 5e génération perpétuer la tradition familiale.