Actualités 2 août 2017

« C’est assez insultant » – Bruno Letendre

« Qu’ils en donnent autant aux détaillants qui n’ont subi aucune perte, c’est assez insultant. »

Cette réaction de Bruno Letendre, président des Producteurs de lait du Québec, traduit bien l’exaspération du secteur laitier à l’attribution des quotas d’importation supplémentaires de fromages européens.

Bruno Letendre est particulièrement déçu de la décision du fédéral de scinder ce contingent additionnel en deux parties égales entre les fabricants et les distributeurs. En collaboration avec les transformateurs, dit-il, son organisation a multiplié les interventions auprès du fédéral et du ministre du Commerce international François-Philippe Champagne. Ils ont notamment répété que les quotas devraient être attribués à ceux qui subiront des pertes avec l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange avec l’Europe, soit les fabricants de fromages fins.

« On avait entendu des rumeurs que la répartition serait de 60-40. Ça finit à 50-50! » lance-t-il avec dépit.

« Quand le ministre [Champagne] dit qu’il veut aider l’industrie, ajoute-t-il, il va falloir que les bottines suivent les babines. »

Bruno Letendre. Photo: Archives
Bruno Letendre. Photo: Archives

Aide insuffisante

Quant aux détails du Programme d’investissement à la ferme, également dévoilés hier par Ottawa, Bruno Letendre doute que l’enveloppe de 250 M$ soit suffisante. Rappelons que le plafond de l’aide a été fixé à 250 000 $ par entreprise et que les demandes seront acceptées à partir de 10 h le 22 août suivant le principe du premier arrivé, premier servi. À 10 h 5, craint-il, l’enveloppe risque d’être vide.

« Je ne critique pas le maximum, précise Bruno Letendre. Par contre, pourquoi un si haut maximum avec une si petite enveloppe? Pourquoi juste 2 000 producteurs pourraient-ils en profiter? »

Le président des Producteurs de lait du Québec fait notamment valoir que les entrepreneurs en construction de bâtiments agricoles travaillent déjà au maximum de leur capacité. Seulement à Coaticook, où l’on retrouve 180 fermes, illustre-t-il, il y a une trentaine de projets en marche cet été.

« Pour certains entrepreneurs, rapporte-t-il, le carnet de commandes pour 2018 est déjà plein. Mon propre entrepreneur, qui a 25 employés, me dit qu’il refuse un contrat par semaine. Dans les années 1990, il y a eu un boom dans la construction de porcheries, mais jamais comme celui que nous vivons aujourd’hui [dans le secteur laitier]. »