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NAPIERVILLE — Yvon Van Winden a effectué 18 applications de fongicides dans ses champs d’oignons en 2009. La saison passée, il n’en a fait que huit sur ses 345 acres d’oignons et en 2015, exceptionnellement, quatre applications ont suffi dans certains champs.
Comme plusieurs producteurs maraîchers de la Montérégie, le copropriétaire de Delfland a réduit de 40 % l’utilisation des fongicides, tout en maintenant la qualité de ses produits et le rendement au champ. Ce succès environnemental, il le doit à un instrument capable de prédire l’avenir : le capteur de spores.
Au gré du vent
Le capteur de spores est un appareil qui anticipe les risques pathogènes ou fongiques avant l’apparition de signes visibles de maladie sur les plants dans une région donnée. Comment? Au même titre que le pollen, une spore est une cellule reproductrice invisible à l’œil nu qui, portée par le vent, se dépose sur la plante de la culture d’intérêt. Son développement donne naissance à des maladies fongiques comme le mildiou et la brûlure de la feuille chez l’oignon.
Portée par le vent, la spore se colle aussi sur des bâtonnets intégrés au capteur planté dans le champ. Le consortium de recherche PRISME, porteur du projet depuis 10 ans, prélève les bâtonnets trois fois par semaine, les analyse au laboratoire de Sherrington et, selon les résultats obtenus, conseille au producteur d’entreprendre ou non un traitement fongicide. En moyenne, les maraîchers membres du réseau ont réduit de 26 % le nombre d’applications de pesticides.
Météo
« Il ne faut pas oublier que le développement des maladies dépend aussi de la météo et des observations sur le terrain, pas juste du nombre de spores par bâtonnet », explique le responsable de l’axe phytopathologie de PRISME, Hervé Van Der Heyden. Cette année, malgré la pluie et le temps froid des derniers mois, le faible nombre de spores relevées dans les champs d’oignon a repoussé l’utilisation des fongicides.
Autres cultures
La technologie a connu un tel succès dans l’oignon que PRISME a décidé de l’appliquer à d’autres cultures. Des producteurs de pommes de terre, de crucifères, de laitue, de fraises, de vignes et de blé aident à adapter la technologie à leurs cultures respectives. « C’est important pour l’environnement et pour la santé des employés qui appliquent ces pesticides, ajoute M. Van Der Heyden, mais ça l’est d’autant plus que les voisins américains mettent sur pied une certification “agriculture durable” et que si les producteurs d’ici veulent continuer à exporter leurs légumes là-bas, ils devront s’y mettre aussi. »