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La culture de l’ail est tendance au Québec. Les superficies cultivées ont augmenté de près de 20 % seulement cette année et la récolte 2022 est bonne dans l’ensemble. Or, certains producteurs ressentent plus de concurrence dans leur mise en marché ces temps-ci.
En Estrie, la copropriétaire de la ferme Le Petit Mas, Marie-Pierre Dubeau, constate une baisse des commandes de son ail par les grandes chaînes d’alimentation. « La game commence à se resserrer, dit-elle. Les chaînes baissent nos prix de façon substantielle », indique l’agricultrice qui cultive 18 hectares d’ail biologique. Elle note l’arrivée d’un plus grand nombre de petits producteurs québécois qui, en cette période de récolte, cherchent à vendre leur ail, notamment aux marchés et supermarchés de leur localité. L’ail de l’Ontario vient également disputer de l’espace tablette dans certaines bannières d’épicerie, observe-t-elle.
Une question d’entreposage
La productrice demeure toutefois optimiste, puisqu’elle dispose d’infrastructures de conservation qui lui permettront d’écouler sa récolte après Noël lorsque d’autres producteurs en auront moins à vendre. « L’ail, ce n’est pas comme de la salade; ça se conserve. Et je pense qu’on rentre dans une évolution de la production d’ail au Québec. La compétition du mois de septembre à novembre pousse des producteurs à s’équiper pour le conserver et c’est tant mieux. Ça va juste faire plus d’ail du Québec plus longtemps [sur les tablettes] », analyse-t-elle.
La Ferme JCL Abitibi note pour sa part une très bonne récolte avec un calibre d’ail de 20 à 30 % plus élevé qu’habituellement. La mise en marché n’est pas un problème, dit le copropriétaire Christian Leclerc. « Tu as le choix entre vendre vite et moins cher ou tu t’installes », résume-t-il, faisant référence à son nouvel entrepôt à atmosphère contrôlée qui offre la latitude de vendre son ail jusqu’au mois de mars dans le réseau IGA/Sobeys de sa région et des Laurentides. L’agriculteur et sa conjointe misent sur l’entreposage, la qualité du produit et l’emballage pour se démarquer. Ils réussissent ainsi à obtenir près de 38 $ le kilo pour leur ail bio.
L’entreposage fait également partie de la stratégie de la ferme Bulzail dans Lanaudière. « Les commandes baissent dit le copropriétaire François Riopel. C’est sûr qu’il y a de plus en plus de monde dans l’ail. Mais je ne m’énerve pas avec ça, car présentement, tout le monde arrive en même temps. À un moment donné, les plus petits producteurs vont finir par écouler leurs volumes et les commandes vont se remettre à monter. »
L’agriculteur préfère perdre une commande présentement plutôt que baisser ses prix, car cela le rendrait déficitaire. Il se dote présentement d’équipement de conservation pour mieux écouler sa récolte dans le temps. De surcroît, il souligne que la compétition pour lui ne vient pas du Québec, mais bien d’autres pays, comme l’Espagne et la Chine. « Le beau-frère m’a déjà dit que mon ail était plus cher que celui de la Chine, mais je lui ai répondu : “Tu demanderas aux Chinois de payer ta pension!” Le dollar dépensé au Québec est beaucoup plus avantageux économiquement », affirme-t-il.
Plus difficile à écouler sur Marketplace
À Saint-Hyacinthe, le jeune producteur d’ail de la relève Samuel Côté constate que le marché de l’ail est plus compétitif que l’an dernier. « Ça joue plus du coude cette année. Juste sur Marketplace, je vois la différence. Il y a beaucoup plus d’ail à vendre. Ça fait que les réponses à mes annonces ont coupé de 50 % comparativement à l’an dernier. Il y a des pro-
ducteurs qui baissent aussi les prix à 20 $ le kilo, tandis que l’an passé, les prix étaient plutôt à 25 $ le kilo. Ce n’est pas compliqué. Tout le monde fait de l’ail maintenant, même ceux qui ont un petit jardin à la maison! » s’exclame celui qui n’est pas certifié bio, mais qui n’utilise ni pesticide ni engrais de synthèse.
Ce dernier réussit quand même à écouler sa production, et à croire en l’avenir, lui qui investit pour se mécaniser et doubler à 100 000 bulbes sa production l’an prochain. « Ça ne me fait pas peur [la concurrence], car je sais comment produire de l’ail de bonne qualité et mes clients reviennent », partage le sympathique agriculteur.