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Le nouveau marché des produits sans gluten redonne une deuxième vie au sarrasin et au moins deux entreprises québécoises sont sur les rangs pour en exporter.
Ces dernières veulent inciter des producteurs québécois à revenir à cette culture traditionnelle afin de répondre à la demande européenne et américaine qui promet des débouchés plus intéressants que dans le marché limité des minoteries locales.
« On peut battre le soya au niveau des profits par acre », soutient Olivier Charrière, négociant chez Grains Saint-Laurent à Montréal. Ce dernier base son calcul sur deux variétés de sarrasin qu’il entend offrir et qui seront adaptées au sud et au nord du Québec. Ces variétés pourraient pousser en huit semaines ou moins, ce qui donnerait la chance de faire deux récoltes, et c’est ainsi qu’on peut penser tirer autant, ou plus de profit, qu’avec une récolte de soya. Notons cependant que des variétés connues de sarrasin prennent plutôt dix semaines à atteindre leur maturité.
« On va vendre notre sarrasin dans l’État de New York », soutient M. Charrière, qui dispose d’un contrat d’approvisionnement de cinq ans avec le moulin Birkett Mills, du village de Penn Yan. Cette entreprise est spécialisée en sarrasin depuis 1797. Ce moulin s’est déjà approvisionné au Québec auparavant, mais la concurrence du sarrasin européen subventionné et du sarrasin de l’Ouest canadien avait chassé le grain québécois. Or, les subventions européennes sont maintenant choses du passé et l’Ouest se tourne davantage vers le blé depuis quelques années. « Un wagon de sarrasin de l’Ouest peut perdre 60 jours à Toronto », fait valoir M. Charrière, qui compte expédier le sarrasin québécois par camion, en fonction des besoins de son client. Un contrôle de la qualité et des cultivars permettra donc au sarrasin québécois de prendre beaucoup de place dans ce moulin new-yorkais qui en achète 45 000 tonnes par an. L’entreprise entend offrir des contrats à prix fixe en 2012 entre 500 $ et 700 $ la tonne, dont le prix sera dévoilé en janvier. Le prix sur les marchés oscillait autour de 600 $ en décembre, mais a déjà atteint 900 $ tôt en 2011. Le prix de la semence devrait osciller autour de 20 $ de l’acre.
Selon le producteur Firmin Paquet, qui produit du sarrasin dans la vallée de la Matapédia depuis 15 ans, plusieurs promoteurs ont offert de bons prix au fil des années pour le sarrasin. Les producteurs auraient toutefois besoin d’obtenir une garantie à plus long terme d’un prix supérieur à 600 $ afin de s’équiper et de s’informer sur les techniques.
Céréales de Charlevoix
Céréales de Charlevoix, une entreprise de Robert Beauchemin et Rudy Laixhay, bien connus pour leur partenariat dans les Moulins de Soulanges, a déjà expédié 20 conteneurs de sarrasin en France en 2010 et plus de 1200 tonnes en 2011. Le sarrasin est expédié vers la minoterie de Corouge, une filiale du groupe Girardeau, qui est le deuxième producteur de farine de sarrasin en France.
L’entreprise française était assez intéressée pour devenir partenaire à 33 % des Céréales de Charlevoix. La minoterie transforme plus de 3000 tonnes par an, mais espère augmenter rapidement sa production.
Le moulin français s’approvisionnait en sarrasin surtout en Chine. « Par souci de rentabilité et d’écologie, ils nous ont demandé de produire au Canada et de faire un suivi de la production », explique Rudy Laixhay. L’entreprise charlevoisienne compte offrir des contrats pour la production de 4000 à 5000 acres en 2012. Les contrats de 2012 à seront offerts à 530 $ la tonne, soit plus que les années passées. Le sarrasin doit contenir 13 % d’humidité maximum (séchage à 42 °C maximum) et un indice de chute de moins de 500 secondes. Le grain soit aussi être exempt de céréales à gluten et de défoliant.
Une plante facile à cultiver
Les inondations du printemps 2011 ont tellement retardé les semis à certains endroits que des producteurs commençaient à penser à semer du sarrasin qui ne prend que 8 à 12 semaines à pousser.
Le sarrasin est une polygonacée de la famille de la rhubarbe. Son introduction dans une rotation permet donc de briser le cycle de certaines maladies introduites par la trop grande répétition des principales grandes cultures. Le plant produit un fruit sous forme de coque, qui se situe aux ramifications.
Il s’agit d’une plante très compétitive avec les mauvaises herbes.