Bio 3 février 2020

Les boissons végétales font mal au lait bio

Après des années à se faire parler uniquement de croissance, les producteurs québécois de lait biologique ont reçu un premier signal négatif du marché lors de leur 19assemblée générale annuelle, le 17 janvier à Québec.

« On constate que la consommation de lait bio stagne et est même en légère baisse depuis trois ans aux États-Unis. Le prix au détail du lait de consommation biologique a aussi baissé aux États-Unis […] L’un des facteurs est la popularité des boissons végétales qui fait mal au lait bio. Ça nous allume une lumière », a dit le conférencier Gilbert Lavoie, économiste-conseil à la firme Forest Lavoie Conseil inc. Certains préfèrent passer aux boissons végétales comme celles de soya ou d’amande. Les détaillants priorisent aussi les produits à base de protéines végétales en raison de leurs marges plus élevées sur ces produits, a ajouté M. Lavoie.

Au Québec, la consommation de lait biologique n’a pas encore diminué, mais le positionnement des boissons végétales sur les tablettes augmente considérablement dans certaines épiceries, a fait remarquer M. Lavoie.

Le Syndicat des producteurs de lait biologique du Québec constate pour une première fois que la production de lait augmente plus vite que la demande. Le président Bryan Denis prend la situation au sérieux. « Il ne faut pas être alarmiste, nos transformateurs nous parlent encore de croissance. Mais ils nous disent qu’ils font face à des réalités qui n’existaient pas il y a quatre ans. […] Les boissons végétales, c’est une tendance très forte et leur lobby est très puissant », a affirmé M. Denis. 

En mode solution pour accroître la demande

La production de lait bio par les fermes québécoises tend maintenant à grimper plus vite que la demande; une situation que veut renverser le Syndicat des producteurs de lait biologique du Québec.

Cette légère surproduction en 2019 a fait d’ailleurs fléchir de quelques dollars par hectolitre la prime versée aux producteurs tout en faisant fondre le nombre additionnel de journées de production allouées aux fermes. Une situation qui déplaît aux producteurs.

Le syndicat a donc changé de stratégie. Contrairement aux dernières années, il n’est plus en mode recrutement (de fermes bio), mais plutôt en mode solution pour accroître la demande. « On veut redonner un élan au développement des marchés. Ce n’est pas si facile à faire, mais la filière en entier en dépend », a indiqué son président Bryan Denis, en entrevue à La Terre.

Comme pistes de solution, le syndicat veut travailler avec ses transformateurs pour innover et créer de nouveaux produits à base de lait bio. Il veut aussi mieux positionner ce type de lait auprès des consommateurs, en misant notamment sur l’avantage environnemental des vaches aux pâturages, son aspect local et sa courte liste d’ingrédients (contrairement aux boissons végétales).

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