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Par souci environnemental, les propriétaires de la ferme écologique Petit Brûlé, de Rigaud, en Montérégie, ont récemment annoncé la construction d’un complexe de serre en verre, qui a contribué à relancer la fabrication de serres de verre dans la province, mise de côté au profit des serres de plastique depuis les années 1990.
Le complexe de serres de 0,4 hectare de la ferme Petit Brûlé, qui possède également des champs maraîchers en bio intensif, servira à la production de 1 000 paniers par semaine, à l’année, et ce, dès le mois de juillet. Les propriétaires, David Théorêt et Marie-Pierre Gauthier, ont surtout l’écoresponsabilité et l’économie locale tatouées sur le cœur. En commençant le projet, ils ont demandé au fabricant, les Industries Harnois, de s’approvisionner le moins possible en matériaux outre-mer.
Devant cette demande, le président-directeur général Patrice Harnois a relancé la fabrication de serres en verre au Québec. Il précise que la conception, l’ingénierie, les matériaux structuraux, les moulures d’aluminium, le design et l’outillage sont 100 % québécois. Par contre, le verre provient majoritairement de la Chine. « Avant qu’on trouve un fabricant nord-américain qui puisse compétitionner les Chinois là-dessus, à mon avis, ça n’arrivera pas. Mais on a acheté un terrain d’un million de pieds carrés à Trois-Rivières cette année pour lancer l’usine Vermax [la filiale de fabrication de serres de verre actuellement en processus de démarrage]. On est à 60 % de produits québécois, mais on veut l’emmener à 80-90 % », dit-il.
Mais pour cela, il faut d’abord se refaire la main avec les connaissances d’ingénierie sur la conception de serres en verre, qui s’est perdue au fil du temps. « On a déjà fait de la serre de verre, mais les ingénieurs ne sont plus là et les serres de verre et de polythène utilisent des techniques [de conception] vraiment différentes. C’est vraiment nouveau », explique M. Harnois.
Verre vs plastique
L’entreprise a fabriqué des serres en verre de 1980 à 1990, puis en raison des coûts d’énergie élevés à l’époque, les producteurs se sont tournés vers les serres de plastique, puisque ce matériau retenait mieux la chaleur. Depuis, la gestion de l’énergie dans les serres s’est améliorée avec des systèmes de chauffage à la biomasse ou des thermopompes, par exemple, ce qui a réduit la facture énergétique des producteurs.
« Une serre en plastique, il faut remplacer le polythène [tous les trois à cinq ans], indique l’agricultrice Marie-Pierre Gauthier, donc c’est toujours à recommencer […] et le verre se recycle beaucoup plus que le plastique. »
Selon le président-directeur général d’une firme d’ingénierie spécialisée dans les projets de serres, Guillaume Proulx-Gobeil, c’est la technologie d’écrans thermiques qui a fait en sorte que la serre de verre est revenue en force au Québec. Elle permet de diminuer les coûts de chauffage et de réduire la pollution lumineuse. « Si on prend une serre de plastique et une autre de verre avec un écran thermique, la serre de plastique demeure plus performante. Par contre, quand on compare le coût d’opération versus le volet environnemental de la gestion des plastiques, on se rapproche et on a une performance assez intéressante. Certains projets vont même mettre deux couches d’écran thermique [dans les serres en verre] et on arrive avec une efficacité très similaire à la serre de plastique », dit-il.
La particularité du projet de la ferme Petit Brûlé est la qualité du verre utilisé sur ses toits. Harnois a trouvé un fournisseur polonais dont le verre a des propriétés de transmission lumineuse à 97 %, alors qu’elles sont de 89 % avec le verre standard importé de Chine, utilisé dans la conception des murs.
Les ventes de serres ralentissent Pendant la pandémie, les ventes de serres et de dômes ont connu une croissance exceptionnelle. En 2023, en raison de l’inflation, de la hausse des taux d’intérêt et des risques de récession, les ventes de certains constructeurs de serres ont chuté de 12 à 25 % par rapport à la même période en 2022. Patrice Harnois, président-directeur général des Industries Harnois, observe que les clients ont effectivement pris un pas de recul. Il précise toutefois que les gens qui ont un réel besoin adapteront les projets pour diminuer les coûts, mais iront tout de même de l’avant. M. Harnois ajoute que bien que les ventes de 2023 soient en légère baisse, l’entreprise enregistre tout de même sa « deuxième meilleure année de l’histoire ». Le directeur général des Serres Guy Tessier, Martin Bernier, blâme, pour sa part, l’année électorale, qui a fait ralentir les réponses de demandes de subventions des serristes au ministère de l’Agriculture. « Les clients nous disent qu’ils sont en attente, ce qu’on ne ressentait pas et ne vivait pas dans les premiers 18 mois [du lancement du programme de soutien au développement des entreprises serricoles]. On a l’impression qu’avant, c’était plus rapide », dit-il. |