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Le marché des grains bio emprunte une pente descendante. « Les acheteurs sont sur le break, ils voudraient payer moins cher que ce qu’on paie présentement aux producteurs, témoigne David Proulx, directeur de RDR Grains et Semences. On s’aperçoit qu’ils repoussent les livraisons. Ils pensent que ça va baisser. »
M. Proulx émet également l’hypothèse que les acheteurs qui ont eu peur de manquer de soya bio l’an dernier ont fait des provisions.
Finalement, le prix des conteneurs diminue et leur disponibilité augmente. Par conséquent, le soya de l’Afrique et de l’Inde revient concurrencer les producteurs locaux, ajoute M. Proulx.
Constat similaire chez Guillaume Camirand, directeur de la Coop Agrobio. « Pour le soya, il y a un effondrement de la demande locale et les stocks en réserves sont un peu plus élevés. Ce n’est pas un bon cocktail. Dans le maïs, le marché est plus stable, mais les inquiétudes de la baisse de prix assez marquée dans le maïs conventionnel drive dans son sillon le prix du bio », dépeint celui qui est impliqué dans la transaction d’environ 20 000 tonnes de grains bio.
Il parle lui aussi de la croissance de la concurrence internationale. « Quand je suis entrée en poste en 2017, je parlais avec des agriculteurs qui ne me croyaient pas que nous étions en compétition avec des pays comme l’Inde et l’Argentine, sauf que de plus en plus, nous remarquons une dynamique internationale. »
Dans les céréales bio, par contre, le marché lui apparaît plus stable. « Il y a beaucoup de demandes pour l’orge, la demande augmente même. Le blé aussi, il y a une hausse de prix. Le blé [bio], c’est d’après moi la filière qui a une croissance qui va le mieux », analyse M. Camirand.
Des ventes à répartir
Les prix records de 2 000 $/t pour le soya bio l’an dernier incitent des producteurs à vouloir encore frapper un coup de circuit et plusieurs s’abstiennent de vendre leur soya ou maïs bio entreposé dans leurs silos ou de signer des contrats dans l’espoir de voir les prix remonter vers la fin de l’année. Guillaume Camirand conseille toutefois de ne pas nécessairement attendre pour livrer des volumes. D’une part, l’étalement des ventes à la ferme est une stratégie de mise en marché reconnue pour diminuer le risque du producteur advenant que les prix descendent davantage. D’autre part, cela permet de satisfaire les acheteurs qui ont besoin de grains, car si les producteurs retiennent leurs grains et que les acheteurs en ont besoin, ces derniers pourraient se tourner vers des producteurs d’ailleurs dans le monde et continuer par la suite de faire affaire avec eux.
Le grain bio venant des pays en voie de développement, une concurrence déloyale?
La concurrence des grains bio provenant des pays en voie de développement, comme ceux d’Afrique, est jugée déloyale par certains agriculteurs, fait remarquer Guillaume Camirand. [En ce qui concerne le] contrôle des normes bio et de la qualité, ils n’ont pas tous les mêmes contraintes de certification. Quand on voit des nouveaux joueurs comme le Congo inonder le marché rapidement, il y a des questions à se poser. Pour certains de mes membres, ça semble déloyal », indique le directeur de la Coop Agrobio. Ce dernier se demande si ces importations de grains n’entrent pas en contradiction avec les principes environnementaux du bio. « Faire venir du grain de l’Inde qui traverse en bateau la moitié de la planète, est-ce vraiment dans l’âme du bio? On est peut-être en train de s’écarter de la vertu », mentionne-t-il.