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« Quand on compare la moyenne des salaires au Québec de 50 000 $ avec le minable 25 000 à 30 000 $ qu’on fait à la ferme, en travaillant beaucoup d’heures, et qu’on a certains clients, qui ont des emplois à 100 000 $ et plus, qui viennent nous dire que nos carottes sont trop chères, ça nous frustre », exprime Sylviane Tardif, copropriétaire de la Ferme des 3 Samson, à Farnham, en Estrie.
La maraîchère voue une passion à l’agriculture. Elle aime son équipe et son métier, mais elle se demande pourquoi une ferme de proximité qui nourrit la population doit se contenter « de salaires de misère » comparativement au reste de la société.
Difficile de ne pas se comparer, concède Maxime Dion, président de la Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique (CAPÉ). « On cultive des légumes pour notre communauté et on a de la difficulté à se donner plus de 5 $ de l‘heure, alors que les fournisseurs, eux, n’hésitent pas à nous facturer. Tu fais venir l’électricien à cent quelque de l’heure, le frigoriste à 150 $ de l’heure… Ça devient décourageant, et c’est à se demander si on ne pourrait pas utiliser notre cerveau et notre corps dans un métier qui va rapporter plus », affirme le copropriétaire de la Ferme la Bourrasque.
La fin
C’est ainsi que des petites fermes lancent la serviette ces temps-ci. Le copropriétaire de l’une d’elles, qui n’a pas voulu être nommé, indique que sa ferme est pourtant rentable. Les rendements de légumes sont excellents, mais malgré le succès de la mise en marché, les copropriétaires n’ont pas été en mesure de se verser une seule augmentation salariale depuis quatre ans. La seule façon de le faire serait d’augmenter le nombre d’heures travaillées, sauf que l’épuisement s’est installé. D’autant plus que travailler davantage devient incompatible avec la volonté de passer du temps de qualité avec les enfants.
Cette situation est vécue dans d’autres fermes, confirme Pierre-Antoine Gilbert, enseignant et coordonnateur du programme d’agriculture biologique à l’Institut national d’agriculture biologique (INAB).
Ceux qui quittent le font parce que le métier est difficile, peu payant ou tout simplement pas fait pour eux, observe-t-il, ajoutant que certains ont peut-être porté des lunettes roses au moment de démarrer leur entreprise. Il remarque que les gens qui étudient maintenant en agriculture savent qu’ils devront être autant de bons producteurs que de bons gestionnaires s’ils veulent réussir, et ce, sans compter leurs heures.
Des candidats sont toujours intéressés, assure M. Gilbert. À preuve, il enseigne à 24 étudiants cette année, comparativement à 20 l’an passé. Ces nouveaux venus doivent faire leur devoir, mais la classe politique doit également améliorer le contexte entrepreneurial des fermes de proximité bio, insiste l’enseignant.