Bio 6 octobre 2017

La filière bio : les petits auront toujours leur place

LOUISEVILLE — Certains pionniers et nouveaux venus dans le développement de la filière bio au Québec partagent le même optimisme à l’égard de l’avenir des petites entreprises en production, distribution et vente au détail d’aliments bio.

« La clientèle augmente et la demande reste plus forte que l’offre », explique Réjean M. Rioux, propriétaire d’une petite épicerie santé à Louiseville, qui compte parmi les pionniers du milieu.

Aujourd’hui, M. Rioux exploite avec sa conjointe Sonia Duhaime l’entreprise d’aliments frais certifiés biologiques et herboristerie Chez Flora. Il croit que les « petits » ont leur place dans l’univers en expansion du bio.

« J’ai des clients qui sont venus me dire que la grande surface près de la ville a aménagé une rangée complète de produits bio. C’est parce qu’il y a une demande. De notre côté, nous avons privilégié le développement d’un marché de niche avec une vaste offre de produits naturels et bio, des repas préparés certifiés et des repas au restaurant de notre gîte touristique [adjacent à la boutique]. Les clients viennent chez nous parce qu’ils savent que notre menu n’offre que des aliments et même des alcools certifiés bio. »

Conviction et passion

« On s’est lancés par conviction et par passion », explique pour sa part Marc-André Plourde, coactionnaire de La shop à légumes, une petite entreprise maraîchère de Saint-Esprit, dans Lanaudière.

Il y a maintenant trois ans, il a lancé celle-ci avec son beau-frère, Frédéric Pitre. Un troisième partenaire, Nicolas Loison, s’est rapidement joint à l’équipe. La petite coopérative produit une trentaine de variétés de légumes et de fines herbes distribués sous forme de paniers et offerts dans quelques points de vente répartis dans les municipalités des environs et à Montréal.

Marc-André Plourde reconnaît que se lancer dans cette aventure a requis une certaine dose d’audace, « Nous avions tous une carrière qui aurait pu nous satisfaire, mais elle ne correspondait pas à nos valeurs, dit-il. On a fait le saut! »

Le tandem Duhaime-Rioux exploite un marché de niche de la filière bio et offre des repas préparés certifiés bio. Crédit photo : Pierre Saint-Yves
Le tandem Duhaime-Rioux exploite un marché de niche de la filière bio et offre des repas préparés certifiés bio. Crédit photo : Pierre Saint-Yves

Dire que les jeunes producteurs sont confiants est un euphémisme. L’entreprise distribue déjà 220 paniers par semaine, un nombre en croissance.

« On voit bien comment le secteur évolue, explique Marc-André Plourde. Évidemment, les clients veulent des produits frais, mais ils veulent aussi voir d’où ceux-ci proviennent, qui les produit et ils demandent des conseils. C’est ça qu’on leur offre. »

Et ça marche! À tel point que les jeunes producteurs planchent sur des projets de développement avec achat de terre, construction de bâtiments et d’un kiosque.

« Si je n’étais pas optimiste, je ne serais pas ici aujourd’hui et surtout, je n’aurais pas passé toutes ces années à faire du développement », lance pour sa part M. Rioux, qui a participé au développement de la filière bio dès ses balbutiements, dans les années 1970, et l’a vue grandir depuis.

« C’était le far west! Il n’y avait pas encore de règles pour encadrer la production et la vente. »

Au tournant des années 1980, il a lancé son premier magasin à Montréal et a participé à la naissance des premières coopératives de distribution et de production maraîchère bio dans les Basses-Laurentides, puis à Saint-Philibert en Beauce.

« C’était des années d’effervescence! » renchérit M. Rioux.

Les assises de la filière lui semblent maintenant bien ancrées parce que les consommateurs ont compris que la qualité a un prix.

C’est sans compter les progrès de la recherche scientifique. « Les scientifiques ont confirmé ce qu’on avançait d’instinct il y a 40 ou 50 ans, à savoir qu’il y avait des pratiques qui mettaient la santé en péril. »