Bio 12 octobre 2024

Chasse abrasive aux mauvaises herbes

Les mauvaises herbes n’ont qu’à bien se tenir. À la recherche d’une solution de rechange naturelle aux herbicides, des chercheurs américains et canadiens leur font la chasse en les mitraillant de projectiles composés de coquilles de noix, d’épis de maïs broyés et de bicarbonate de soude.

Cette chasse inusitée aux mauvaises herbes, en particulier celles à feuilles larges, est entre autres menée au site expérimental de Frelighsburg, en Estrie, par la malherbologiste d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) Marie-Josée Simard. 

Un compresseur d’air et des pistolets de pulvérisation sont utilisés pour tirer les différents projectiles sur les plantes indésirables. « Il y a eu des essais et des erreurs, explique la chercheuse. On a dû faire une machine capable de fonctionner dans le champ et de conserver la pression. On a aussi essayé différents types de buses. » Qualifiée de « désherbage par sablage ou par projectile », cette technique provient de l’Université du Nebraska et est testée depuis 2022 dans les installations d’AAC. Des essais sont réalisés par différentes équipes dans les vignes et le soya (Québec), ainsi que dans les cultures de pommes de terre (Île-du-Prince-Édouard), de bleuets (Colombie-Britannique) et de haricots secs (Ontario). 

Le bicarbonate de soude a un effet abrasif sur quelques grosses mauvaises herbes dans le soya.
Le bicarbonate de soude a un effet abrasif sur quelques grosses mauvaises herbes dans le soya.

Résultats attendus

« On a beaucoup appris durant les deux premières années, mais on devrait avoir des résultats plus probants cette année », estime Marie-Josée Simard.

Pour les fins de l’expérience, les mauvaises herbes ont le champ libre sur une des parcelles aménagées à Frelighsburg, tandis que les « projectiles » sont testés dans les autres. Les végétaux encore présents dans l’ensemble des parcelles seront prélevés et analysés cet automne, explique la chercheuse. 

Si elle fait ses preuves, cette nouvelle technique aura l’avantage d’utiliser un équipement simple et peu coûteux, contrairement à d’autres options, comme le Weed Zapper, qui électrocute les mauvaises herbes.

Le système à l’essai a été développé avec l’Université Laval, afin qu’il puisse s’installer sur un tracteur. Ses coûts sont ­estimés à moins de 20 000 $. 

« L’utilisation de l’équipement au champ est simple », explique Alexandre Bouchard, diplômé en génie agroenvironnemental et adjoint de recherche. 

Selon lui, le fonctionnement du pulvérisateur pourrait être amélioré en ajoutant certains dispositifs automatisés tels que des valves à déclenchement automatique. « Cela contribuerait à améliorer l’autonomie des producteurs », dit-il.

Marie-Josée Simard croit que la nouvelle technique pourrait être combinée à d’autres actions, comme un herbicide bio et un sarclage léger.