Bien-être animal 16 décembre 2024

Honorés à la fin de leur vie

C’est en fin de vie que la relation privilégiée entre un éleveur et son animal chouchou s’exprimera le plus, fait valoir la vétérinaire Lisiane Poulin. « Ça change tout. Ça fait que tu vas euthanasier une vache et que toute la famille est là et que les producteurs pleurent », dit-elle. 

Jean-Yves Perreault

L’histoire de Bambi

Les éleveurs sont émus, mais les vétérinaires peuvent l’être tout autant. Le président de l’Association des médecins vétérinaires praticiens du Québec, Jean-Yves Perreault, a versé une larme lorsqu’il a procédé à l’euthanasie de Bambi, au tournant des années 2000. 

À l’époque, il était peu commun de mélanger les races de vaches laitières à l’étable, mais son client avait ajouté une génisse Jersey à son troupeau de Holsteins.

Bambi était fragile un peu. À un moment donné, il a fallu lui faire une césarienne, même si ce n’était pas économiquement intéressant. Puis, à un autre moment, elle a eu des problèmes aux yeux. Il fallait faire ce qu’il y avait à faire parce que c’était Bambi.

Jean-Yves Perreault, président de l’Association des médecins vétérinaires praticiens du Québec

Confronté à un cancer, le producteur a d’abord pris la décision d’échanger ses vaches laitières contre des vaches de boucherie, avant de finalement se résoudre à se départir du troupeau durant les années de la crise de la vache folle. Toutes les vaches sont parties, à l’exception de Bambi. Celle-ci est devenue un animal de compagnie et même un membre de la famille. Elle a vécu jusqu’à 17 ans. 

Jean-Yves Perreault se souvient clairement de ses derniers instants. « Quand tu vois le couple, qui n’a pas d’enfants, avec le licou dans les mains, la madame est à genou à côté et la tête de la petite Jersey repose sur ses jambes et qu’elle la flatte quand même, oui, ça tire les larmes. Ça fait plusieurs années et je m’en rappelle encore », confie le vétérinaire.

Un cimetière à la ferme

L’éleveur de cochons rustiques Nicolas Gaudette, de Dunham, en Estrie, a créé un cimetière à la ferme pour honorer la vie de ses animaux chouchous. « Par respect, les géniteurs qui ont eu une bonne carrière, que ce soit femelles ou mâles, on leur a fait un petit cimetière et on les enterre à la ferme. » Aujourd’hui, une vingtaine de reproducteurs et d’animaux de compagnie y sont inhumés.