Bien-être animal 2 décembre 2022

Efficacité énergétique et bien-être animal

Un producteur avicole de la Mauricie vient de démarrer un élevage de volailles dans le poulailler le plus à l’avant-garde en Amérique du Nord en matière de technologie de pointe. Un investissement de 1,7 M$ qui lui procurera des économies substantielles sur ses coûts de production, mais qui, surtout, améliorera le bien-être animal de ses pensionnaires. 

Situé à Saint-Léon-le-Grand, le bâtiment de la Ferme Yvan Ferron devait être reconstruit à la suite d’un incendie survenu en décembre 2020. « Je n’ai pas hésité un instant, explique Yvan Ferron, qui produit chaque année environ 300 000 poules et 30 000 dindons de chair. J’ai de la relève : mon garçon William veut continuer et sa conjointe est agronome. »

Les technologies introduites dans le poulailler de l’éleveur ont été développées en Europe et des représentants étaient venus de France pour en expliquer le fonctionnement aux visiteurs lors d’une journée portes ouvertes tenue le 1er octobre. 

Le nouveau bâtiment bénéficie des équipements de pointe en matière d’éclairage (Blue Line), de générateur de chaleur (XR – Le Roy), de traitement de l’eau (Ar-Teck) et de régulateur climatique (Megavi-Connect – Sodalec). Isolément, ces quatre technologies développées il y a une dizaine d’années, mais toujours mises à jour, sont déjà présentes dans des milliers de fermes en Europe et en Amérique du Nord, mais pour la première fois, elles ont été réunies sous un même toit et chapeautées par le tout nouveau concept de GIO (Gestion intelligente des opérations) développé par Agrinuvo (JPS Électronique).

Le poulailler de la Ferme Yvan Ferron a été reconstruit à la suite d’un incendie qui avait complètement rasé son ancienne installation en décembre 2020.
Le poulailler de la Ferme Yvan Ferron a été reconstruit à la suite d’un incendie qui avait complètement rasé son ancienne installation en décembre 2020.

« Le GIO intervient sur les quatre paramètres qui gèrent la vie animale dans un milieu d’élevage intensif, c’est-à-dire la nourriture (food), la lumière (light), la ventilation (oxygen) et l’eau (water), explique Guy Courcelle, directeur général de JPS Électronique et concepteur de l’éclairage Blue Line. C’est le concept du FLOW. Agrinuvo avait déjà une expertise en production laitière, mais on s’est associés avec les leaders de l’industrie avicole, comme Le Roy, Ar-Teck et Sodalec, pour offrir aux éleveurs ce qu’il y a de mieux en termes d’équipements technologiques. »

Système d’électrolyse

L’eau distribuée dans les abreuvoirs des poulets passe préalablement par un système de traitement qui permet de réduire au maximum la vaccination, voire d’éliminer la médication et d’augmenter le système immunitaire des animaux. Développé par Ar-Teck, ce système est un désinfectant naturel basé sur le système d’électrolyse utilisant trois éléments : l’eau, l’électricité et le sel. La Ferme Yvan Ferron est la deuxième au Québec à être dotée d’un tel système après celle de Christian Bellerose, à Saint-Félix-de-Valois dans la région de Lanaudière.

Bastien Gruet, électrotechnicien chez Ar-Teck, devant le système de traitement à l’électrolyse installé à la Ferme Yvan Ferron.
Bastien Gruet, électrotechnicien chez Ar-Teck, devant le système de traitement à l’électrolyse installé à la Ferme Yvan Ferron.

« Je m’en sers à toutes les sauces, affirme le producteur avicole qui fonctionne avec ce système depuis 2017. On désinfecte l’eau des breuvages des poulets, mais on l’utilise aussi pour brumiser l’intérieur du poulailler deux fois par jour pendant quelques minutes. Ça désinfecte l’air qui entre dans les poumons de la volaille. » Christian Bellerose souligne que l’utilisation de cette eau ionisée lui a permis de réduire la mortalité des oiseaux et de couper sur les antibiotiques. « Je me suis même équipé d’un second système pour pouvoir continuer à en avoir lorsque je dois faire l’entretien du premier. C’est un produit méconnu au Québec, mais en Europe, il est utilisé pour la prévention des infections comme COVID ou la grippe aviaire. » 

Système de luminothérapie

Les nouvelles installations de la Ferme Yvan Ferron sont également équipées du système d’éclairage Blue Line spécialement développé pour les fermes d’élevage, avec la promesse d’économie d’énergie pouvant aller jusqu’à 60 %. « Beaucoup de producteurs en Amérique du Nord utilisent encore des lampes incandescentes. L’animal finira par s’adapter, mais il ne performera pas », explique Guy Courcelle, directeur général de JPS Électronique, qui a développé ce système de luminothérapie utilisant trois teintes : stimulant, neutre et relaxant. 

Le représentant de l’entreprise Sodalec Benjamin Saint-Pé devant le panneau de puissance mis au point par Sodalec et Agrinuvo pour les fermes avicoles.
Le représentant de l’entreprise Sodalec Benjamin Saint-Pé devant le panneau de puissance mis au point par Sodalec et Agrinuvo pour les fermes avicoles.

« Quand on démarre un poussin, il est aveugle. Il doit avoir une lumière stimulante pour pouvoir trouver son eau et sa nourriture rapidement. Alors que lorsque le poulet est presque rendu à l’abattage, il faut au contraire le relaxer. Les températures de couleurs ont un impact sur l’organisme des animaux et leur gestion permet un meilleur contrôle du stress et de la productivité animale », poursuit Guy Courcelle, qui estime qu’un poussin et un poulet bien traités remettront ça en productivité à l’éleveur.

Un air plus chaud, moins humide

Le nouveau poulailler est également équipé de 20 générateurs de chaleur développés par l’entreprise française Le Roy. Le système XR utilise l’air chaud et humide du bâtiment pour l’expulser à l’extérieur avant de le réintroduire à l’intérieur par un second ventilateur, en utilisant au passage les valeurs calorifiques laissées sur un grillage à l’intérieur du bloc. « La température à l’intérieur d’un poulailler doit être à 30 degrés Celsius, explique Anthony Gobin, directeur commercial France Export pour Le Roy. Si elle est à -20 degrés à l’extérieur par exemple, elle sera réintroduite à environ 15 degrés. Je n’aurai donc qu’à réchauffer mon bâtiment de 15 degrés alors que si j’avais été obligé d’ouvrir des trappes pour apporter de l’oxygène, c’est un écart de 50 degrés que j’aurais dû combler. » 

Un autre avantage de ce générateur de chaleur est de mieux contrôler l’humidité à l’intérieur du bâtiment puisque les échangeurs réintroduisent un air plus sec. Le système XR peut générer des économies sur la consommation d’énergie de 40 à 50 %, mais un utilisateur expérimenté pourrait atteindre jusqu’à 60 %, estime Anthony Gobin.

Anthony Gobin, directeur commercial France Export pour Le Roy, montrant le démonstrateur de générateur de chaleur XR.
Anthony Gobin, directeur commercial France Export pour Le Roy, montrant le démonstrateur de générateur de chaleur XR.

Un régulateur climatique intelligent

Martin Arseneault, représentant du Groupe BMR, explique le fonctionnement du système d’éclairage Blue Line.
Martin Arseneault, représentant du Groupe BMR, explique le fonctionnement du système d’éclairage Blue Line.

Enfin, les générateurs de chaleur de Le Roy sont gérés par le régulateur climatique intelligent Mégavi Connect, développé par la firme Sodalec. Le fabricant de contrôles électroniques français s’est associé avec Agrinuvo pour commercialiser un panneau de puissance spécialement conçu pour les élevages avicoles. 

« Tout est automatisé, explique Benjamin Saint-Pé, délégué commercial pour Sodalec. Il pilote en temps réel en fonction de différents paramètres comme le nombre d’animaux, la courbe de poids, leur âge, leur besoin en oxygénation, la température extérieure, etc. Les besoins d’un poussin de quelques jours ne sont pas les mêmes que ceux d’un poulet qu’on s’apprête à livrer à l’abattoir. Le système tient compte de tout ça. On assure une ventilation minimale dans la bâtisse pour assurer le bien-être animal », poursuit-il, avançant que le régulateur climatique Megavi Connect représente ce qui se fait de mieux présentement dans le domaine en Amérique du Nord dans les climats froids comme celui du Québec.
Yvan Ferron était impatient d’introduire ses premiers milliers de poussins à la mi-octobre dans ce poulailler high-tech. « J’ai toujours été avant-gardiste dans mon approche en agriculture. J’ai visité souvent des fermes en Europe et là-bas, ils sont en avance sur nous pour tout ce qui concerne le bien-être animal et les économies d’énergie. Dans une perspective à long terme, on n’aura pas le choix d’aller vers là nous aussi au Québec. Si les oiseaux sont bien dans la bâtisse et qu’on travaille bien, les résultats d’élevage vont suivre », conclut le producteur avicole.


Ce texte a été publié dans l’édition de novembre de L’UtiliTerre, le cahier technique de La Terre de chez nous.