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GRANBY — Si les avis entourant l’utilisation des néonicotinoïdes demeurent mitigés, certains préfèrent ne pas prendre de risque. C’est le cas des conseillers de Gestrie-Sol, un club-conseil de Granby, qui élabore, depuis quelques années, un plan pour border tout le ruisseau Brandy de bandes riveraines.
« Qu’on connaisse précisément les effets des néonicotinoïdes ou non, on en mesure une bonne quantité dans les cours d’eau du Québec, indique Isabelle Martineau, la conseillère responsable du projet des bandes riveraines. Et c’est justement ce qu’on tente de prévenir avec les bandes riveraines. » Le concept de la technique est plutôt simple : il s’agit de planter des végétaux en bordure des berges afin d’empêcher leur affaissement, mais également pour filtrer l’eau de ruissellement en provenance des champs. Sept modèles de bandes riveraines sont répertoriés par Gestrie-Sol, de la plus simple, contenant uniquement des plantes herbacées, à la plus complexe, un savant mélange d’arbres, d’arbustes et de plantes herbacées. Chacune d’entre elles possède ses avantages et ses inconvénients, selon l’usage que le propriétaire désire en faire.
Populariser la bande riveraine
Bien que le concept existe depuis un certain temps, peu de producteurs ont actuellement recours à des bandes riveraines contrôlées pour réduire le risque de contamination de leurs cours d’eau. « Mes collègues et moi avons créé un dépliant expliquant tous les détails de la technique, mentionne Mme Martineau. On a fait en sorte qu’il ressemble à un catalogue afin qu’il attire le regard et que les agriculteurs le trouvent intéressant à consulter. » Des pancartes informatives ont également été installées à proximité dans les champs où Gestrie-Sol a implanté une bande riveraine, spécifiant le type et les caractéristiques de celle-ci. D’autres écriteaux annoncent le commencement de la bande riveraine, afin de prévenir un malheureux épandage d’herbicide.
Brigitte Paccou, productrice agricole de Granby, participe au projet d’Isabelle Martineau depuis plus de trois ans. « Mon mari était un grand protecteur de l’environnement, tout comme moi, d’ailleurs, affirme Mme Paccou. On avait entendu parler des bandes riveraines, et comme nos terres sont entourées de cours d’eau, on s’est adressés à Gestrie-Sol. C’est comme ça qu’on a connu Isabelle. » Maintenant veuve, Brigitte Paccou gère elle-même ses terres et ses bandes riveraines. Elle y a fait planter des sureaux afin d’en récolter les baies et s’enorgueillit de la faune qui commence à s’y installer. « Il suffit de trouver le bon argument. J’ai convaincu un producteur en lui suggérant de planter des sapins, rigole Isabelle Martineau. Je lui ai dit qu’un jour, ça pourrait faire de beaux sapins de Noël et il était emballé! »
Un kilomètre à la fois
Entre 2012 et 2016, la distance couverte par les bandes riveraines a augmenté de plus de sept fois. Il s’agit d’une grande victoire pour l’initiative de Gestrie-Sol, à un tel point que des étudiants allemands sont venus observer les méthodes de ce club-conseil au mois de juillet dernier. Ses efforts s’étendent désormais au ruisseau Quilliams, qui fait aussi partie du bassin versant du ruisseau Brandy. Le phénomène commence à connaître un certain engouement, notamment auprès de la population qui apprécie le côté pittoresque des bandes riveraines. Les voisins de Brigitte Paccou en ont planté le long de la piste cyclable, ce qui a rendu le paysage plus agréable pour les passants.
Ce que Mme Paccou déplore cependant, ce sont les préjugés à l’égard des agriculteurs. « Nous sommes souvent pointés du doigt quand vient le temps de parler d’environnement, dénonce-t-elle. Mais on est nombreux à avoir l’écologie et la biodiversité à cœur. J’éprouve une grande fierté à l’idée de participer à un projet environnemental de cette ampleur et de montrer au monde qu’on apporte aussi notre contribution, à notre façon. »