« À ce jour, nous avons eu trois cas d’intoxication au dioxyde d’azote », affirme René Blais, médecin et directeur du Centre antipoison du Québec.

Les trois cas ont été déclarés depuis qu’un gel mortel a touché l’ensemble du Québec le 19 septembre dernier et que la période de récolte d’ensilage bat son plein.

La formation de gaz toxique est grandement influencée par les conditions météorologiques et la fertilisation azotée. Une sécheresse suivie de précipitations juste avant la récolte des ensilages favorise la formation de dioxyde d’azote. En fait, les plantes fourragères accumulent des nitrates (NO3-) sous différentes formes lorsqu’elles subissent un stress comme une sécheresse, une infestation d’insectes ou une gelée. Une forte fertilisation azotée minérale ou organique contribue aussi à ce phénomène.

Une fois les plantes fourragères ensilées, les nitrates (NO3-) se transforment rapidement en oxydes d’azote (NO2, N2O4). En fait, le gaz toxique peut se former tout de suite après le remplissage d’un silo. Le Centre antipoison rappelle que le danger d’intoxication est plus grand dans les 12 à 60 heures suivant le remplissage du silo et se poursuit pendant 2 à 3 semaines. Ensuite, les concentrations de gaz diminuent progressivement, mais la vigilance est de mise pendant les quatre à six semaines suivant la récolte.

Selon la concentration du gaz et la durée de l’exposition, l’intoxication peut s’avérer mortelle. « Les premiers symptômes sont des douleurs à la poitrine. Cependant, les symptômes peuvent apparaître plusieurs heures après l’exposition, comme de la toux, des nausées ou de l’essoufflement », précise Anne-Éricka Vermette-Marcotte, médecin spécialiste en urgence en formation au Centre antipoison du Québec. Le Centre conseille aux agriculteurs exposés aux gaz d’ensilage de consulter rapidement un médecin.

Afin d’éviter tout risque d’intoxication, on recommande aux producteurs de porter un appareil respiratoire autonome lorsqu’ils entrent dans le silo. Puisque le gaz toxique est plus lourd que l’air, on conseille fortement d’aérer le silo – démarrer la souffleuse – pendant 30 minutes avant d’y entrer et pendant que la personne s’y trouve. On aère aussi la chambre d’alimentation et on ferme les portes donnant accès à l’étable pour protéger les animaux et les humains. Enfin, si l’on observe des oiseaux ou des rongeurs morts aux alentours, c’est peut-être un signe que des gaz d’ensilage sont présents. Soyez vigilant.

Encadré

On reconnaît le gaz d’azote par son odeur de javellisant lorsqu’il est à faible concentration. Lorsque l’air ambiant est sec et après 20 minutes d’exposition, la capacité à sentir le gaz diminue. Celui-ci peut apparaître sous forme de brouillard ou de nuage de couleur orange-brun. Cependant, il n’est pas toujours visible. Le dioxyde d’azote est plus lourd que l’air. Il s’accumule juste au-dessus de l’ensilage et il peut aussi descendre dans la chute à ensilage ou par de petits orifices.