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CURRAN — En 1988, Normand Lalonde était âgé de 35 ans seulement lorsqu’il a appris qu’il souffrait d’une alvéolite d’hypersensibilité, une allergie communément appelée poumon de fermier.
Son pneumologue était catégorique : il devait non seulement changer de métier, mais également quitter sa résidence. Il en allait de sa santé, mais surtout, de sa vie.
Le 25 septembre 2017, l’agriculteur de Curran, une petite municipalité située dans l’Est ontarien près de la frontière québécoise, a rendu l’âme dans sa maison des suites de cette maladie pour laquelle la recommandation de son médecin n’a jamais été considérée.
« Il nous disait : “Si je lâche, je vais développer d’autres bobos; je vais en faire une dépression”, raconte sa fille Chantal. Il aimait tellement la ferme et les animaux qu’il a donné sa santé pour cette passion-là. On a essayé de le convaincre au début, mais au bout du compte, on a décidé de respecter sa décision. »
Durant tout ce temps, Normand Lalonde portait un masque lorsqu’il savait que des moisissures prononcées se trouvaient dans ses récoltes tout en étant conscient de marcher sur une fine ligne. « Dans les premières années, il prenait régulièrement des traitements de cortisone pour aider à sa respiration quand il avait des crises aiguës. Ça soulageait les symptômes, mais ça ne prévenait pas les crises », se rappelle Chantal.
Aucun regret
Même dans les derniers mois de sa vie, l’homme de 64 ans n’a jamais exprimé de regrets, allant travailler à la ferme jusqu’à l’extrême limite de sa condition physique. « Trois semaines avant sa mort, il soignait encore les animaux. Il disait qu’il était fier de ce qu’il avait accompli. Il a même choisi de finir ses jours à la maison. Son lit était placé près de la fenêtre et mon frère Ghislain venait lui montrer les nouveau-nés. »
Ayant repris la ferme familiale, ce dernier ne prend pas nécessairement de précautions particulières pour protéger ses poumons, se disant que son père a été plutôt malchanceux que négligent. « Ma mère et moi, on a essayé de le convaincre de porter un masque, mais il affirme qu’il a de bons poumons », relate Chantal Lalonde.
Avec le recul, elle constate que le poumon de fermier demeure une maladie peu connue, surtout chez les médecins généralistes qui vont souvent la confondre avec d’autres troubles pulmonaires.
Le poumon de fermier
Source : Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail |
Bernard Lepage, collaboration spéciale
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