Actualités 30 septembre 2014

Ardobec : faire carrière dans l’ardoise

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L’ardoise a déjà été considérée comme la pierre des pauvres pour recouvrir les toits. À cette époque, le bardeau de cèdre et la tôle étaient ses principaux concurrents. Son statut a changé depuis. L’opinion commune en fait un matériau réservé aux toits des résidences valant plus d’un million de dollars. C’est toutefois ignorer que cette pierre imperméable et inusable a plusieurs autres vocations.

IMG_0485Diplômé en techniques minières du Collège de la région de l’amiante, à Thetford Mines, M. Labbé est fier de dégonfler le mythe voulant que l’ardoise demeure inaccessible à la plupart des bourses.« L’ardoise est une pierre naturelle capable de concurrencer la céramique de bonne qualité pour le revêtement de planchers et de murs ainsi que d’autres matériaux utilisés pour l’aménagement paysager ou pour les comptoirs de cuisine », avance Maurice Labbé, propriétaire d’Ardobec.

« L’ardoise posée sur un plancher ou sur un toit peut coûter moins de 5 $ le pied carré, selon le format choisi, assure-t-il. Il faut toutefois plus d’attention et de précautions parce que l’épaisseur des tuiles peut varier un peu contrairement à la céramique, qui est moulée. »

Engouement
C’est l’engouement pour les pierres naturelles qui a amené M. Labbé à fonder son entreprise ardoisière en 1998. Dix ans plus tard, après avoir épuisé le gisement sis à Bromptonville, Ardobec a déménagé ses pénates à Asbestos, où elle exploite une mine située à quelques dizaines de mètres de l’énorme cratère laissé par l’extraction de l’amiante.

ardoise_couches3Ce gisement, l’un des deux actuellement en activité en Estrie – l’autre étant localisé à Kingsbury –, est situé à environ deux kilomètres de l’atelier de transformation d’Ardobec. Il s’agit d’un ancien garage désormais inexploité par la compagnie Johns Manville. L’extraction et la transformation de l’ardoise donnent du travail à sept personnes en haute saison. L’extraction, qui peut durer facilement encore 10 ans, selon M. Labbé, s’étend d’avril à novembre et se fait sans dynamitage, à l’aide d’une grosse pelle mécanique. L’atelier fonctionne toute l’année, bien qu’au ralenti en hiver.« Le gisement que j’exploite a déjà embauché 300 travailleurs. Il était en exploitation dès 1886, mais fut abandonné en 1910, précise M. Labbé. Le remplacement des tableaux en ardoise par des tableaux synthétiques dans les écoles ainsi que l’arrivée des matériaux synthétiques comme le bardeau d’asphalte lui ont donné son coup de grâce. »

Ce gisement ne fournit pas l’ardoise utilisée sur les toits. Ardobec s’organise toutefois pour offrir cette option à ses clients. « Chaque carrière a ses particularités, explique M. Labbé. L’ardoise que nous extrayons ici se prête à la construction de murets, au revêtement de planchers et de murs ainsi qu’à l’aménagement paysager. » L’entreprise vend ses produits au Québec, en Ontario et dans les Maritimes.

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Ardoisons un peu…
L’ardoise, une roche qui appartient à la famille des schistes, est constituée de dépôts très anciens d’argile comprimée par d’autres dépôts au cours de millénaires. Elle se présente sous diverses textures, résistances et couleurs (noir, gris, vert, rouge ou violet). Elle se compose de plusieurs couches superposées, aussi appelées litages, ce qui la rend facile à diviser.

L’ardoise est utilisée depuis l’Antiquité comme tuile à toiture. Ce matériau est arrivé au Canada en provenance de la France, de l’Angleterre ou de l’Écosse afin de recouvrir des toits de couvents et d’autres institutions. Puis, la tôle de fer blanc l’a supplanté et a gagné la faveur des constructeurs jusque vers le milieu du XIXe siècle. L’ardoise a alors reconquis ses lettres de noblesse grâce à des importations à coût abordable de la Nouvelle-Angleterre. La découverte de carrières dans les Cantons-de-l’Est a suscité un nouvel engouement. Leur exploitation a duré de 1854 environ jusqu’en 1923, selon le ministère québécois des Ressources naturelles. Le Témiscouata, dans le Bas-Saint-Laurent, est l’autre région où l’on extrait de l’ardoise au Québec. Il s’agit d’ardoise gris acier de la Formation de Témiscouata servant surtout à la production de tuiles à toiture.

Au Québec, la plupart des couvertures d’ardoise sont concentrées à Montréal et dans des municipalités estriennes comme Danville et Kingsbury. Oubliée durant des décennies, l’ardoise est revenue à la mode vers 1995 grâce à l’enthousiasme populaire à l’égard des pierres naturelles.ardoise_toiture