Alimentation 5 octobre 2017

Une « vraie agricultrice » de Montréal

MONTRÉAL — Le rude quartier d’Hochelaga-Maisonneuve à Montréal comprend maintenant une… ferme! Deux agricultrices urbaines récoltent 200 kilos de pleurotes par semaine dans des serres aménagées à l’intérieur d’un local commercial.

Pour la copropriétaire Dominique Lynch-Gauthier, le fait d’être entourée d’asphalte ne change rien : elle se considère comme une véritable agricultrice, au même titre que si elle était à la campagne. Son entreprise est enregistrée au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), elle détient son numéro de producteur agricole et lit même assidûment La Terre de chez nous! « L’agriculture, c’est une révélation, une passion pour moi. J’ai commencé la culture de champignons dans mon sous-sol. Ensuite, je trouvais très intéressante l’idée de produire de la nourriture à plus grande échelle, dans ma ville et pour ma ville », raconte la cofondatrice de Blanc de gris.

Le fait que Dominique recueille ses intrants et livre sa récolte au même endroit, soit à Montréal, diminue l’empreinte carbone de sa production : un atout aux yeux des clients. Elle n’utilise pas un tracteur, mais un vélo pour aller chercher les ingrédients de son terreau, soit le marc de café des restaurants et la drêche de brasseries. D’ailleurs, si la totalité des champignons, malgré leur prix de 35 $ le kilo, trouve preneur chaque semaine depuis trois ans, c’est grâce à la proximité avec la clientèle qui permet de livrer rapidement un produit frais.

Les mêmes avantages SVP

Le métier d’agriculteur étant ce qu’il est, Dominique Lynch-Gauthier et sa partenaire d’affaires Lysiane Roy-Maheu travaillent d’arrache-pied, sans toujours se verser un salaire convenable. C’est que la production n’est pas constante; un processus d’amélioration qui se poursuit. « De plus, le loyer est élevé, les taxes foncières aussi. On aimerait justement avoir droit aux mêmes avantages fiscaux que les fermes en milieu agricole. C’est pour ça qu’on est membre de l’UPA et qu’on incite les autres fermes urbaines à l’être. On veut un poids de représentation pour développer l’agriculture urbaine », plaide Mme Lynch-Gauthier.

Tim Murphy, le maraîcher qui cultive des légumes bio sur le toit d’un IGA de Montréal, fait le même constat. « Il y a certains programmes d’appui au ministère [de l’Agriculture] auxquels on peut participer, d’autres non », explique-t-il. De son côté, le MAPAQ dit travailler à « ouvrir un peu » les programmes de financement à l’agriculture urbaine. Cependant, un des avantages que les producteurs urbains « n’auront jamais », croit M. Murphy, est le remboursement des taxes. Le ministère de l’Agriculture explique que c’est une question de zonage. Les urbains n’y ont pas droit parce que leur ferme est située en zone blanche et non en zone verte. Finalement, bien des agriculteurs urbains se plaignent de la complexité de la réglementation, qui varie même d’un arrondissement à l’autre.

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