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BOUCHERVILLE — Le cidre est de plus en plus « tendance » chez les consommateurs. Les cidriculteurs s’en réjouissent, augmentent leur production et achètent des vergers.
Le Québec se dirige même vers une production record de cidre atteignant les 5,2 millions de litres en 2020, selon Martin Cloutier, professeur titulaire en management et technologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Par comparaison, le Québec a produit 3,2 M de litres en 2015, et près de 2 M de litres en 2010.
À la SAQ, les ventes de cidres prêts à boire ont bondi de 56 % de 2015 à 2016. « Une croissance plus grande que la moyenne des produits vendus à la SAQ », précise Stéphane Denis, chef de service au développement d’affaires des produits Origine Québec à la société d’État. L’organisation envisage même de créer des kiosques réservés spécifiquement au cidre dans certains de ses magasins.
Le cidriculteur Michel Jodoin se dit particulièrement allumé par la popularité du cidre chez les jeunes de la génération du millénaire. « On voit l’engouement chez les 30 ans et moins. Ils découvrent le cidre et en consomment dans les bars, soulève le président des Cidriculteurs artisans du Québec. Le cidre, c’est in. » Il soutient que cet engouement dépasse largement les frontières de la Belle Province. Le cidre est populaire partout en Amérique du Nord. En Oregon, d’ailleurs, la popularité du cidre est telle que des producteurs diversifient leur gamme de produits avec des cidres houblonnés et d’autres vieillis dans des barils à whisky, mentionne Emily Ritchie, directrice à la Northwest Cider Association.
Des minots de pommes!
Au Québec, le volume de pommes destiné à la production de cidre artisanal a augmenté de 88 % depuis 10 ans, passant de 91 178 minots en 2006-2007 à 171 106 minots pour l’année de production 2014-2015. Ces chiffres excluent les milliers de minots de pommes utilisés par les huit transformateurs industriels de cidre installés au Québec. Le professeur de l’UQAM Martin Cloutier croit que la production de cidre pourrait créer une pression sur les stocks de pommes, comme cela se voit au Royaume-Uni et dans certains États américains. « Là-bas, il manque de pommes pour la fabrication de cidre. Au Québec, ça pourrait devenir un enjeu et il est temps d’y réfléchir », estime le professeur.
Michel Jodoin ne partage pas cette inquiétude. Il fait remarquer que des cidriculteurs se préparent depuis trois ans à cette hausse de la demande. « Nous sommes plusieurs producteurs à avoir acheté des vergers dernièrement, et d’autres renouvellent de vieux vergers. Le Québec étant un pays de pommes, on n’en manquera pas. Mais l’approvisionnement en pommes sera néanmoins un challenge qui pourrait avoir un impact sur les prix », explique-t-il.
Le cidre revient de loin…
Tombé en disgrâce à la fin des années 1970 à cause de problèmes de qualité, le cidre a effectué un retour graduel à partir de la fin des années 1980. Robert Demoy, de la Cidrerie du Minot, faisait partie des premiers artisans de cette renaissance. « Quand nous avons fondé l’association [des Cidriculteurs artisans du Québec], le contexte du cidre était très difficile, rappelle-t-il. On n’avait pas de marché, c’était mort. »
En confectionnant des produits de qualité, les cidriculteurs ont réussi à réanimer graduellement l’intérêt des consommateurs. « À l’international, il n’y a pas une année où on ne se dit pas bouche bée devant la gamme de goûts des cidres québécois. C’est une belle richesse qu’on laisse à notre relève. Et comme a déjà dit un ami cidriculteur : “Vivre le Québec cidre!” », lance Michel Jodoin.