Alimentation 26 avril 2021

Une vodka à la patate : le projet d’Ubald Distillerie se concrétise

C’est officiel, la vodka québécoise fabriquée à 100 % avec des pommes de terre sera dans les succursales de la SAQ au début mai. Patates Dolbec est derrière ce projet de distillerie aux « possibilités infinies », comme le décrit Josée Petitclerc, l’une des quatre propriétaires. La Terre a visité l’ancien entrepôt de patates métamorphosé en distillerie haut de gamme qui devrait ouvrir ses portes au public pour du spiritourisme ce printemps.

L’idée derrière cette vodka, c’est aussi de faire rayonner les petits villages reliés par la route 363, qui parcourt entre autres la région de Portneuf, où la ferme Patates Dolbec est présente depuis plusieurs générations.
L’idée derrière cette vodka, c’est aussi de faire rayonner les petits villages reliés par la route 363, qui parcourt entre autres la région de Portneuf, où la ferme Patates Dolbec est présente depuis plusieurs générations.

Sur la route 363, où est élaborée la vodka du même nom, le village de Saint-Ubalde deviendra un incontournable des spiritueux québécois. C’est le défi que se sont lancé les deux couples propriétaires d’Ubald ­Distillerie et Patates Dolbec. « On ne se demandera plus où est Saint-Ubalde! » lance en riant Josée Petitclerc, directrice du marketing et de l’amélioration continue chez Patates Dolbec.

C’est pour résoudre le problème des patates déclassées à la ferme Dolbec que Hugo D’Astous et Pascale ­Vaillancourt, passionnés de spiritueux, ont eu l’idée de se lancer dans une ­nouvelle aventure. Une nouvelle ­vodka allait naitre, permettant de valoriser des matières agroalimentaires et créer un produit unique « du grain à la ­bouteille ».

Près de six mois d’expérimentations ont été nécessaires afin de trouver la recette parfaite. Étonnamment, les patates entières sont utilisées. Une fois râpées, elles sont déposées dans une cuve d’empâtage, où elles sont chauffées pendant six heures. « Ça devient vraiment comme une purée », explique Josée Petitclerc. Après cette première étape viennent celles de la fermentation et de la double distillation. « Notre alambic en continu, le seul au Québec, va nous permettre une stabilité de production. » Dès ce printemps, les visiteurs seront invités sur place.

Spiritourisme : des chiffres records, mais…

L’entreprise se lance dans une nouvelle aventure au moment où les ventes de spiritueux atteignent des sommets inégalés au Québec. « En un an, les spiritueux se sont développés comme aucun alcool ne l’a fait dans toute son existence », commente Annick Van Campenhout, de l’Union québécoise des microdistilleries. Elle évoque la croissance de 725 % des ventes de gin sur le site saq.com entre 2019 et 2020, depuis l’arrivée de la COVID-19.

Pourtant, développer la niche du tourisme, comme souhaite le faire Ubald Distillerie en ouvrant un salon de dégustation, « n’est pas viable financièrement si on n’a pas les reins solides, même avant la COVID-19 », soutient Annick Van Campenhout. Si les distillateurs peuvent vendre leurs bouteilles sur les lieux de fabrication depuis 2018, la SAQ touche sa marge de profit complète sur la vente de ces bouteilles, même si elle n’intervient en rien.

Pascale Vaillancourt et Josée Petitclerc sont les deux femmes derrière le projet. Elles ont pensé  celui-ci en fonction des visiteurs. Par exemple, les alambics sont visibles de l’extérieur grâce à de grandes fenêtres vitrées. Les gens pourront s’inscrire sur le site Web pour des visites guidées.
Pascale Vaillancourt et Josée Petitclerc sont les deux femmes derrière le projet. Elles ont pensé celui-ci en fonction des visiteurs. Par exemple, les alambics sont visibles de l’extérieur grâce à de grandes fenêtres vitrées. Les gens pourront s’inscrire sur le site Web pour des visites guidées.

Malgré la situation sanitaire, « des distilleries en région ont eu quand même un assez gros achalandage en 2020. C’est clair qu’il y a un souhait, une envie pour ce tourisme », pense Annick Van Campenhout.

« C’est le début d’une grande aventure! », lance Josée Petitclerc qui ­planifie déjà distiller d’autres spiritueux. « C’est très prometteur, ajoute Pascale Vaillancourt. C’est beaucoup d’apprentissage, beaucoup d’efforts, mais c’est la réalité de partir du grain à la bouteille, et c’est ça qui est ­passionnant et enivrant. » 

Emilie Nault-Simard, collaboration spéciale