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Un procédé développé par une équipe de l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA) pour traiter biologiquement le lisier de porc en l’aérant avec de l’oxygène a jusqu’ici montré des résultats prometteurs.
En effet, le système a permis de réduire de 95 % le méthane, responsable des émissions de gaz à effet de serre; et de 99 % les coliformes, dont la bactérie E. coli; puis de rendre le lisier quasiment inodore. « C’est assez exceptionnel », reconnaît Patrick Brassard, chargé de projet à l’IRDA, qui travaille avec le chercheur principal Stéphane Godbout sur ce procédé depuis 2019. « Mais ces résultats ont été obtenus avec un modèle de petite taille », souligne-t-il en précisant que d’autres tests seront réalisés dans la prochaine année pour confirmer ces résultats à plus grande échelle, à plus long terme et dans différents climats, dont en hiver.
Inspiration européenne
Le prototype mis au point par l’IRDA, en collaboration avec l’entreprise FertiRoy, est inspiré de modèles de traitement biologique aérobie existant en Europe. Il a toutefois été adapté aux spécificités et aux besoins de la production porcine québécoise. « Par exemple, les modèles européens éliminent l’azote du lisier, alors que de notre côté, nous voulions le garder, car il s’agit d’un fertilisant recherché pour nos sols », spécifie M. Brassard.
Le traitement fonctionne en deux étapes : le lisier brut est d’abord pompé de la fosse vers un bassin d’activation, où une première phase d’oxygénation intense lui est administrée pendant trois jours pour démarrer la réaction chimique. Dans une seconde étape, le lisier est acheminé dans un tuyau horizontal d’environ un mètre de diamètre et d’une capacité de 4,5 m3, dans lequel est inséré un autre tuyau perforé qui maintient l’aération de manière plus douce pendant 10 jours, soit jusqu’à ce qu’une grande partie des éléments polluant du lisier, tels le méthane et les bactéries comme E. coli, en soient en grande partie éliminés. « Normalement, le lisier est gardé dans un état dit anaérobie, c’est-à-dire qu’il contient peu d’oxygène. C’est cette condition qui émet le méthane. Avec un bioréacteur qui oxygène le lisier, on fait croître des micro-organismes qui en éliminent graduellement les éléments négatifs », explique le chercheur.
Le bioréacteur est installé dans un conteneur de 14 mètres de long par 3 mètres de large, et peut traiter la production de lisier d’une ferme d’environ 1 000 porcs. « Il suffit ensuite d’ajuster le nombre de conteneurs en fonction de la taille de la ferme », indique Patrick Brassard, qui estime le coût du traitement aux moyens du prototype à plus ou moins 5 $ par porc produit. Les pompes fonctionnent de manière continue et peuvent traiter environ 500 litres de lisier par jour.
Commercialisation prévue en 2023 Luc Roy, un ancien président-directeur général de la Régie des assurances agricoles du Québec, aujourd’hui devenue La Financière, a découvert la méthode de biovalorisation aérobie du lisier de porc lors d’un voyage en Belgique il y a une vingtaine d’années. Depuis, l’idée d’utiliser cette méthode au Québec lui trottait dans la tête. « Ce procédé me semblait efficace pour régler certains défauts du lisier de porc en plus de permettre aux producteurs de maximiser le potentiel fertilisant du produit », raconte-t-il. En étant l’un des principaux partenaires financiers du bioréacteur développé à l’Institut de recherche et de développement en agroalimentaire, M. Roy, par l’entremise de son entreprise FertiRoy, assumera le volet commercialisation du procédé, qui devrait être accessible autour du printemps 2023, estime-t-il. |