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Le 1er novembre, l’Union des producteurs agricoles (UPA) a convié cinq intervenants et experts à participer à un webinaire sur les enjeux de la future politique bioalimentaire qui doit découler du Sommet sur l’alimentation du 17 novembre prochain.
Les secteurs agricole, écologiste et universitaire étaient représentés pour cette discussion abordant la question des terres, des moyens pour assurer le dynamisme économique du secteur ainsi que des défis environnementaux. « Je souhaite que cette politique survive
à la prochaine élection », a lancé d’entrée de jeu Marcel Groleau, président de l’UPA.
Les terres aux agriculteurs
Une meilleure protection des terres faisait consensus chez les panélistes. « La capacité de se nourrir va diminuer dans le monde », estime Karel Mayrand, qui ajoute qu’il faut donc conserver le territoire agricole « intact ». « Le gouvernement lui-même passe au-delà de la loi », a déploré Daniel-Mercier Gouin. « On demande que la terre reste aux producteurs agricoles », a ajouté Michèle Lalancette. Marcel Groleau a notamment suggéré que l’on s’inspire de la Saskatchewan qui a exclus les investisseurs financiers de l’achat des terres agricoles.
Soulignant que la valeur marchande des terres dépasse souvent sa valeur économique réelle, Daniel-Mercier Gouin croit qu’un modèle de location « réglementé » pourrait être envisagé. « Les baux de fermage seraient transigés et pourraient devenir vraiment chers, comme en Europe », craint cependant Michèle Lalancette.
Pour freiner la hausse du prix des terres, Marcel Groleau a rappelé la proposition de l’UPA d’une « trêve » de trois ans qui limiterait à 100 hectares par an l’acquisition de terres.
Création de richesse
« Comment l’agriculture et l’agroalimentaire peuvent-ils contribuer davantage à la création de richesse au Québec? » s’est interrogé Daniel-Mercier Gouin, qui estime que l’exportation est un élément clé pour y arriver, étant donné que le marché domestique est « mature ». En conséquence, l’efficacité économique est jugée primordiale pour faire face à la concurrence des autres pays, tant sur notre marché qu’ailleurs dans le monde. « La priorité [pour y arriver], c’est la formation pour augmenter la capacité de gestion », estime le professeur, qui mise aussi sur une approche par filière et par région ainsi que sur la mise en marché collective.
Équiterre et la Fondation David Suzuki ont insisté de leur côté sur l’importance des circuits courts, des marchés publics et du mouvement vers les produits de niche. Sans nier l’importance de ce circuit, Daniel-Mercier Gouin rappelle que c’est par le circuit des supermarchés que la majorité des Québécois s’approvisionnent et qu’il faut, selon lui, y faire plus d’efforts de valorisation des produits du Québec.
L’UPA a par ailleurs insisté sur l’importance des programmes de soutien à l’agriculture du Québec. « La Financière agricole est dépendante de la volonté politique; elle a très peu de marge de manœuvre », a cependant déploré Marcel Groleau.
Défi environnemental
Sidney Ribaux estime qu’il y a deux problématiques environnementales incontournables pour la future politique : les changements climatiques et l’effet sur la santé du « cocktail » d’intrants chimiques (pesticides). « La survie à moyen terme dépend de la capacité à s’y adapter », estime le président d’Équiterre. Il pense que la taxe carbone, de nouvelles règles et l’exigence des consommateurs renforceront la pression sur ces enjeux.
« Il faut s’y attaquer collectivement; ça prend des moyens alternatifs », a répondu Marcel Groleau, en donnant l’exemple du transport qui ne peut pas délaisser le pétrole sans solutions de rechange électriques. Le président de l’UPA propose un plan d’action concerté en agroenvironnement sur 10 ans. « La clé, c’est de rassurer les producteurs sur les conséquences de ne pas utiliser un produit », résume Marcel Groleau.
« La grande industrie prive les agriculteurs de choix, comme avec les semences enrobées de néonicotinoïdes », a fait valoir Karel Mayrand, qui pense qu’on peut diminuer les quantités de pesticides utilisées en ciblant mieux. « On n’a pas de recherche indépendante ou de moins en moins », a cependant déploré Michèle Lalancette. Sidney Ribaux a d’ailleurs plaidé pour une hausse des budgets de recherche en agriculture biologique, laquelle représente 4 % du marché canadien, mais seulement 0,25 % des budgets de recherche.