Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Qu’elles soient accidentelles ou intentionnelles, les erreurs d’affichage sont une réalité à laquelle l’organisation des Marchés publics de Montréal s’attaque depuis maintenant un an.
La traçabilité est devenue une priorité et le nombre de vérifications sur la provenance des aliments a été accru. « C’est sûr qu’on est vigilants par rapport à ça et c’est à nos membres d’être transparents sur la commercialisation de leurs produits », mentionne le responsable du développement Nicolas Fabien-Ouellet. Celui-ci témoigne d’ailleurs d’un cas récent : une photo d’asperges prise dans un marché public qui a circulé sur les réseaux sociaux. Bien qu’identifiées comme étant un produit du Québec, celles-ci portaient un élastique qui n’indiquait pas la même provenance.
Au total, cinq plaintes ont été formulées par des consommateurs des Marchés publics de Montréal pour des erreurs d’affichage dans les 12 derniers mois. « La fraude alimentaire au Québec, il y en a partout, mentionne M. Fabien-Ouellet. C’est clair qu’il faut que les marchés publics soient un lieu le plus transparent possible. C’est ce qui fait notre distinction par rapport à ailleurs. »
Les étals de Ginette Théoret au Marché Atwater de Montréal sont garnis de produits tantôt du Québec, tantôt des États-Unis ou de l’Ontario. « Chaque matin, je remets en place les écriteaux qui indiquent le prix et la provenance. Si on a un produit qui change d’origine, on l’inscrit sur le panneau », souligne-t-elle.
Même si du personnel vérifie les pratiques d’affichage au marché, Nicolas Fabien-Ouellet précise cependant que c’est le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) qui réalise la majorité des inspections. Au cours de la dernière année, les Marchés publics ont aussi élaboré un guide qui rappelle tous les articles de loi liés à la commercialisation de produits alimentaires. Ils ont rendu la lecture obligatoire à leurs membres désireux d’effectuer le renouvellement de leur bail, signature à l’appui.
Selon l’ex-producteur et distributeur Alain Darsigny, qui cumule 50 ans de présence au Marché Jean-Talon, les mauvaises pratiques d’affichage seraient en diminution depuis un an, mais les Marchés publics de Montréal n’ont pas recensé de données à cet effet.
Tentative de standardisation
L’affichage est une question sensible pour tous les intervenants d’un marché public, explique pour sa part le producteur maraîcher biologique Philippe Benoit, impliqué dans l’administration du Marché de Boucherville.
« À un moment donné, on a voté qu’il fallait identifier à l’aide d’affichettes les produits issus du Québec, ceux qui venaient du Canada et mettre un avion quand ça provenait d’ailleurs. Mais ça n’a pas tenu longtemps parce que le modèle dominant dans le maraîcher, c’est la culture de deux ou trois légumes et tout le reste de l’étal, c’est de la revente », mentionne-t-il.
L’agriculteur estime qu’il revient aux administrateurs du marché de réglementer l’affichage, ce que n’endossent pas les Marchés publics de Montréal. Ils définissent plutôt leur rôle comme étant celui d’accompagnateurs et soulignent que les consommateurs exigent des détails plus précis que seulement le mot « Canada », l’avion pour l’international ou la fleur de lys pour le Québec. « Généralement, ils veulent connaître le nom de la ferme d’où les produits proviennent », indique Nicolas Fabien-Ouellet.
Méconnaissance du système de plaintes
S’il y a détection de fraude alimentaire, les intervenants interviewés par La Terre ont fait part de leur méconnaissance des recours qu’ils peuvent envisager. Il existe pourtant un système de plaintes au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Celui-ci ne recense cependant pas les données concernant spécifiquement les plaintes relatives à l’affichage. Par contre, si une plainte est fondée,
les amendes varient de 250 $ à 2 000 $ et, en cas de récidive, de 750 $ à 6 000 $.
Usurpation du terme « biologique »
Philippe Benoit déplore surtout « l’usurpation du mot “biologique” » dans les marchés publics par des commerces concurrents qui n’ont pas la certification requise. Une rencontre entre la Corporation de gestion des marchés publics de Montréal et le Conseil des appellations réservées et des termes valorisants (CARTV), responsable de l’affichage et de la mise en marché des produits biologiques, doit avoir lieu à cet effet au cours de l’été, a précisé Nicolas Fabien-Ouellet.
Avec la collaboration de Martin Primeau