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En raison de son insularité, la Ferme avicole Bourgeois Dumont s’occupe habituellement de fournir l’ensemble des œufs des Îles-de-la-Madeleine, mais une brèche dans cette façon de faire pourrait bien mettre la survie de l’entreprise en jeu.
L’un des quatre marchés d’alimentation d’importance aux îles, Bonichoix, de L’Étang-du-Nord, fait maintenant bande à part en invoquant une politique de Sobeys qui obligerait les marchands à prendre des œufs à l’extérieur des îles. Les trois autres épiceries sont aussi regroupées sous la bannière Sobeys, mais ce sont des coopératives et elles ne sont pas tenues de suivre toutes les directives de la chaîne.
« Il n’y a qu’un seul producteur d’œufs aux îles », confirme Antonin Valiquette, le journaliste à la radio locale CFIM qui a sorti la nouvelle. Ce dernier fait valoir qu’il est difficile de faire venir des œufs par bateau, notamment l’hiver avec les glaces. « Le producteur a dit à ma collègue que ça mettait son entreprise en danger », ajoute le journaliste, qui précise que la ferme avicole locale doit composer avec des coûts de production plus élevés en raison de son emplacement. L’agriculteur ne peut cependant plus s’exprimer sur le problème en raison d’une mise en demeure.
Sobeys admet qu’une directive impose depuis peu à ses marchands de petites surfaces de prendre des œufs de son entrepôt central. Un 2e message a toutefois été envoyé au Bonichoix des îles pour lui permettre de continuer à vendre exclusivement les œufs locaux ou d’offrir le choix des deux provenances (îles et entrepôt de Sobeys) à ses clients. Le marchand local a choisi cette dernière option et Sobeys confirme qu’elle continue de le faire à l’heure actuelle. La différence de prix entre les deux provenances risque cependant d’inciter plusieurs consommateurs à prendre les œufs de l’extérieur.
Pas seulement les îles
« C’est une demande de nos magasins de petites surfaces dans plusieurs régions », explique Anne-Hélène Lavoie, porte-parole de Sobeys. Des plaintes en raison de quantités insuffisantes en provenance des producteurs locaux ont convaincu la bannière d’offrir des œufs de son entrepôt central et de demander aux magasins d’en commander. Une « exception » a cependant été consentie par la suite pour le marchand des Îles-de-la-Madeleine, qui peut maintenant choisir quels œufs il veut offrir.
Survie en jeu
« Les décisions de Sobeys et des marchands vont être déterminantes pour la survie de l’agriculteur », affirme Paulin Bouchard, président de la Fédération des producteurs d’œufs du Québec (FPOQ).
Ce dernier ajoute que des rencontres sont prévues dès que possible avec Sobeys, les marchands des îles, la Fédération de l’UPA de la Gspésie-Les Îles et la FPOQ afin de trouver une solution qui permettrait de sauver l’entreprise du producteur.
C’est difficile pour l’agriculteur d’être en mesure de prévoir le nombre de pondeuses en fonction de la demande. Si cette dernière baisse ou s’il y a des variations sporadiques, il devient ardu pour la ferme de répondre à la demande sans gaspiller d’œufs. Paulin Bouchard explique qu’il n’est « pas financièrement possible » pour le producteur des îles d’écouler ses œufs ailleurs en raison des coûts de production plus élevés. La Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec avait émis un contingent de production spécial, sans frais, en tenant compte de la situation insulaire. « C’était implicite que cet agriculteur produirait les œufs des îles », estime Paulin Bouchard, qui ajoute que ce serait une « erreur » de provoquer la perte du seul producteur d’œufs des îles.