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Les producteurs maraîchers restent sur leur faim concernant le nouveau Règlement sur la salubrité des aliments au Canada (RSAC) du gouvernement fédéral. Ils déplorent le manque d’appui d’Ottawa et craignent d’en payer le prix avec les changements annoncés.
« On ne remet pas en cause l’idée d’avoir des programmes de salubrité à la ferme », affirme d’entrée de jeu Benoît Désilets, directeur général adjoint de l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ), qui estime toutefois que le nouveau règlement est plus adapté aux usines de transformation et aux entreprises qui font du commerce international et interprovincial. « Quatre-vingt-dix pour cent des fermes qu’on représente n’ont pas des structures administratives très développées », plaide-t-il.
Plusieurs normes du RSAC devront être mises en œuvre d’ici les 12 à 30 prochains mois, a annoncé l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), le 15 janvier dernier. Alors que l’ancien règlement ne s’adressait qu’aux transformateurs, le nouveau concerne dorénavant tous les producteurs de fruits et de légumes frais.
Parmi les nouvelles exigences, les exploitations devront mettre en place un plan de contrôle préventif écrit. Elles devront également tenir des registres de traçabilité indiquant d’où proviennent les aliments (le fournisseur) et à qui ils ont été vendus. Une étiquette devra aussi être apposée sur tous les fruits et les légumes frais.
Pas adapté
Plusieurs centaines de petites entreprises maraîchères vendent leurs produits aux particuliers, mais liquident parfois leurs surplus auprès des grossistes d’ici, qui peuvent ensuite vendre le tout à l’extérieur de la province. Toutefois, ces derniers ne savent pas d’avance quelle sera la destination de ces produits locaux. Si ceux-ci sont écoulés hors Québec, les petits producteurs seront-ils soumis aux mêmes exigences et devront-ils détenir une licence? Si oui, cela pourrait les priver de ce marché, faute de ressources pour remplir les conditions associées au règlement, soutient M. Désilets. « Ça va déséquilibrer le marché. Il ne faut vraiment pas que ce soit le résultat pour l’été prochain », craint-il.
L’APMQ est toujours en attente de précisions du côté de l’ACIA, notamment en ce qui a trait à cette question qui n’a pas été complètement élucidée lors de la séance d’information sur le RSAC organisée par l’APMQ, le 5 février en Montérégie. Les représentants de l’ACIA invités ont tout de même pu éclaircir d’autres aspects du nouveau règlement.
Revendications Le règlement présenté dans sa forme actuelle « n’est tout simplement pas adéquat », car les producteurs sont laissés à eux-mêmes devant un flot d’informations. « Dans le passé, on a toujours accompagné les entreprises dans le changement », fait valoir M. Désilets, en citant l’exemple du programme CanadaGAP. L’APMQ s’est jointe au Conseil canadien de l’horticulture pour déposer un projet de résolution auprès du gouvernement fédéral. Les deux organisations veulent recevoir rapidement des précisions sur certains aspects du règlement. Elles souhaitent aussi obtenir un nouveau calendrier de mise en œuvre de la réglementation en fonction des différents groupes d’agriculteurs (à l’année, saisonniers réguliers et occasionnels) ainsi qu’un service-conseil auprès des responsables de l’ACIA. « On nous a promis une souplesse pour la mise en place [du règlement], mais on s’attend à des allégements et on va travailler fort pour les avoir », affirme Jocelyn St-Denis, directeur général de l’APMQ. De son côté, l’Agence se dit « consciente » du temps d’adaptation qu’il faudra aux producteurs désormais soumis au règlement, indiquant avoir mis à leur disposition plusieurs outils interactifs et exemples de bonnes pratiques. |