Alimentation 26 juin 2024

Quand la vache qui rit est tarie

Après le Boursin sans produits laitiers et le Babybel végétal, lancés respectivement en 2021 et 2022, voilà qu’une version entièrement végétalienne du fromage La Vache qui rit, un autre produit phare du géant français Groupe Bel, fait son apparition au pays.

La directrice générale de Groupe Bel Canada, Cristine Laforest, confirme que son entreprise était consciente, avant le lancement, qu’un produit La Vache qui rit à base d’amande – dont l’emballage présente une vache – avait le potentiel d’être reçu avec frilosité, notamment de la part des producteurs de lait. « On s’est tous posé la question. [On se disait que] la première réaction que toute personne normale allait avoir, c’est : ‘‘Pourquoi une vache aurait la légitimité de faire du ­végétal?’’ », raconte-t-elle.

Des tests menés par l’entreprise auprès de consommateurs auraient toutefois démontré que ceux-ci étaient prêts à recevoir un tel produit.

2 % de son offre

En entrevue avec La Terre, Mme Laforest insiste sur le fait que le modèle d’affaires de l’entreprise repose sur trois secteurs : les compotes de fruits, le laitier et le végétal. « On croit fortement que les trois peuvent cohabiter », indique-t-elle.

Dans un précédent entretien accordé au début 2022, avant l’arrivée sur le marché canadien du Babybel végétal, cette dernière parlait déjà de l’objectif que se fixait son entreprise d’« hyperaccélérer » la croissance de son offre de produits à base de plantes ou de fruits, sans délaisser le secteur laitier. 

Deux ans plus tard, Mme Laforest estime que son groupe a connu une bonne progression avec ses fauxmages, bien que ce marché soit niché. En fait, les substituts de fromage à base végétale ne représentent que 2 % de l’offre de son entreprise, précise-t-elle, la part la plus importante de ses ventes provenant des compotes de fruits de marque GoGo squeeZ (55 %) et du fromage laitier (43 %).   

Le marché de [la solution de remplacement du fromage], c’est petit. On parle de 1 % du marché du fromage au Canada, mais on arrive à s’y tailler une place.

Cristine Laforest, directrice générale de Groupe Bel Canada

Elle souligne que les parts de marché de son entreprise dans cette catégorie ont connu une croissance depuis 2022 au Canada, passant « d’à peu près rien » à 15 %.

Le projet qu’envisageait le groupe, il y a deux ans, d’en fabriquer au Québec ne s’est toutefois pas concrétisé. Pour l’instant, ces produits sont toujours importés d’Europe.

De la croissance dans le laitier

Le marché des produits laitiers, lui, est toujours en croissance au pays, fait remarquer Mme Laforest, tout comme les ventes de fromages Boursin, Babybel et La Vache qui rit, qui sont produits au Québec avec du lait canadien. À titre d’exemple, l’usine de Sorel-Tracy, qui fabrique des fromages de marque Babybel depuis cinq ans, a transformé, en 2023, plus de 3 000 tonnes de lait, soit le double de 2021. 

Actuellement, des importations sont encore requises pour compléter l’offre de fromages Babybel au Canada, mais l’objectif est qu’ils soient tous fabriqués au Québec dès l’an prochain. Ce sont 10 000 tonnes de lait qui sont transformées annuellement au pays par le Groupe Bel pour la fabrication de fromages. Les ventes de produits végétaux représentent, pour leur part, l’équivalent de 500 tonnes.