Alimentation 3 mai 2018

La patate contre-attaque : moins cher, c’est pareil?

Lors de l’écriture d’une précédente chronique intitulée Une patate, c’est une patate, je ne m’attendais pas vraiment à susciter autant de réactions, plusieurs me disant qu’ils doivent eux aussi justifier leur prix aux clients. Les denrées alimentaires sont tellement rendues accessibles facilement et à longueur d’année que nous avons oublié pourquoi les produits canadiens sont plus chers que certains produits importés.

Tout d’abord, nous avons un hiver! Pendant que nous dépensons de l’argent et de l’énergie à survivre à l’hiver, ceux au Sud continuent à produire! Donc pour le même actif (terrain et machinerie), ils peuvent doubler, voire tripler les rendements.

Nous avons des conditions salariales et de travail normées. Nous avons des règles environnementales qui sont plus strictes que dans la majorité des pays de qui nous importons, autant pour le respect du bien-être des animaux, des normes des cours d’eau, des pesticides homologués, du respect des normes sanitaires pour le nettoyage, l’emballage et la préparation des denrées alimentaires. Alors? Vous ne trouvez pas que cela a un coût? Vous trouvez normal de payer le même prix? Vous trouvez normal que ces produits vous soient offerts comme s’ils étaient pareils, alors qu’en fait vous refuseriez possiblement d’en manger si vous suiviez ces produits dès le début! 

Je vais être bonne joueuse. Il y a quelques années, j’étais comme vous! Pour deux produits similaires, je regardais le prix et je prenais celui à rabais! Mais depuis quelque temps… c’est plus long de faire l’épicerie. J’ai les produits devant moi et je regarde les ingrédients, ensuite la provenance et puis un peu le prix. Maintenant, bien souvent, le prix n’a plus d’importance, car il est similaire, plus haut de quelques cents à un dollar. Je sais que le produit respecte nos normes environnementales et sociales, donc qu’il est sécuritaire pour mes enfants. Mais allons encore plus loin! Pour chaque dollar que je mets pour un produit d’ici, celui-ci retourne à une famille de notre communauté qui dépensera elle aussi ici et qui nous rapportera à tous. 

Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait? On ne peut arrêter le libre-échange et je pense qu’il est impensable de subventionner la production locale pour en faire baisser le prix. Un affichage accessible à faible coût au producteur aiderait le consommateur à retrouver les produits locaux. Je termine donc ainsi : ne regardez plus le prix, regardez la provenance.  

Annie Drolet, Agrimom

NDLR – Afin de préserver l’authenticité du style des blogueuses et à la demande de celles-ci, les textes diffusés sur le blogue Agrimom.ca sont publiés ici dans leur version originale.